De Strasbourg à New-York : le parcours atypique de Nelly Roos

Par Iris Gratiet

Forte d’une dizaine d’années d’expérience dans le domaine du marketing et de la communication digitale, Nelly Roos a travaillé dans le secteur du tourisme, en agence de publicité, en agence média et en start up. Elle a notamment accompagné certaines entreprises dans la création de leur identité de marque, l’acquisition de clients, ainsi que la mise en place de produits digitaux. Depuis un peu plus d’un an, Nelly s’est lancée dans un projet personnel et professionnel de l’autre côté de l’Atlantique, direction New-York ! Qui es-tu Nelly et pourquoi avoir collaboré avec le Collectif Overjoyed ? Je m’appelle Nelly Roos, je suis une communicante, entrepreneuse, danseuse et chorégraphe. En 2020, en plein confinement, je monte Queen Communication, une agence de communication digitale dont le business modèle est très similaire à celui d’Overjoyed : je m’entoure de freelances, indépendant·es et agences partenaires pour répondre aux besoins de mes clients.En parallèle, je participe en tant que danseuse à une campagne pour la marque Undiz, orchestrée par Collectif Overjoyed. C’est comme ça qu’on se rencontre avec Marie-Pierre Bourdier.On développe nos structures avec des expertises très complémentaires, une passion commune pour le secteur de la culture et du spectacle et des valeurs similaires d’un point de vue professionnel et humain. Forcément, c’est un match et on commence à collaborer sur différents projets. Mon expertise digitale, plus particulièrement sur les sujets « social media », influence et « SEO/SEA » permet de compléter les équipes du collectif et de proposer des solutions « 360 », on et « offline », aux clients d’Overjoyed. Je suis très reconnaissante d’avoir pu croiser mes deux passions, la communication et l’univers du spectacle, grâce aux missions confiées par Marie-Pierre !  Comment es-tu venue à la danse ? Depuis quand en pratiques-tu et qu’est ce que cela t’a apporté ? J’ai commencé la danse très jeune, comme beaucoup de petites filles de ma génération, avec du Modern Jazz, dans l’école de mon quartier à Strasbourg. C’est tout de suite une évidence. J’aime danser, être sur scène, créer… Je continue de prendre des cours au Centre Chorégraphique de Strasbourg, en Modern Jazz puis en Hip Hop jusqu’en terminale.Je pars ensuite à Paris faire mes études, et je me laisse rapidement intimider par les cours proposés dans les studios parisiens, et surtout emporter par la découverte d’une nouvelle vie, d’une nouvelle ville et du rythme universitaire : j’arrête de danser pendant près de 7 ans. Je reprends en 2017 avec le cours de Mehdi Kerkouche au Studio Harmonic et l’évidence est toujours la même.  Un cours par semaine se transforme rapidement en 2 puis 3 puis 4, 5, 6 cours hebdomadaires. J’alterne entre des cours au Studio Harmonic, au LAX Studio et des trainings privés que j’organise avec un un groupe d’ami·es passionné·es. Affirmer que reprendre la danse a changé ma vie serait presque un euphémisme. Grâce à la danse, j’ai l’impression que je me suis enfin autorisée à être 100% moi-même, même les parties que je trouvais un peu trop “extra” / “over the top”.Grâce à la danse, j’ai appris à me connecter à mon corps, j’ai appris à lui faire confiance aussi.J’ai appris à mieux gérer mes doutes, mes insécurités. J’ai appris à lâcher prise, à être vulnérable, à être forte, résiliente, et à m’exprimer. Grâce à la danse, j’ai pris confiance en moi.J’ai aussi rencontré des personnes incroyables qui m’inspirent au quotidien et qui pour certain·es comptent parmi mes ami·es les plus proches, voire des partenaires pro. J’ai découvert une nouvelle forme d’amitié : connectée autour d’une passion commune, en dehors de ses cercles habituels, sans se soucier des notions d’âge, de classe sociale, de boulot… c’est unique !  Pourquoi rejoindre New-York aujourd’hui ? Avec mes ami·es, nous sommes parti·es à plusieurs reprises nous former à l’étranger et en 2022, après quelques semaines à NYC, c’est la révélation ! Je découvre des styles comme “Theatre” ou “Broadway Jazz” et c’est ce que j’ai toujours rêvé de faire, en tant que très (très) grande fan de comédie musicale. Je découvre également une pédagogie qui insiste autant sur la technique que sur l’individualité et le « story telling » et tombe amoureuse. En France, j’ai également le sentiment de ne plus réussir à progresser comme je le souhaiterais, j’ai l’impression d’avoir atteint un plateau et je sens que j’ai besoin d’autre chose pour le dépasser.J’entends parler du programme “Independant Training Program” du Broadway Dance Center, un programme très flexible, qui va de 3 mois à plusieurs années, qui me permettrait de me former, avec un visa étudiant, tout en continuant de travailler à mon rythme. Je pars initialement pour 3 mois. C’était en janvier 2024 ! En quoi cette formation change ton regard sur les parcours artistiques ? Depuis janvier 2024, j’ai eu la chance de suivre plusieurs formations au Broadway Dance Center : le “Independent Training Program”, un programme qui permet à tous les niveaux de se former dans tous les styles, “Choreography Track”, un programme centré sur la création chorégraphique et l’industrie chorégraphique aux USA et enfin, le “Professional Semester” un programme accessible uniquement sur audition, destiné aux danseur·ses pro ou pré-pro dont le but est de les préparer au mieux à réussir dans l’industrie de la danse aux USA. Quelle que soit la formation, nous sommes considéré·es par les professeur·es et l’équipe pédagogique comme des artistes et des performers. Je n’avais encore jamais totalement osé me décrire comme telle, et ce changement de mindset m’a transformée ! La mentalité américaine est également très différente de la nôtre et ce qu’elle a sûrement de meilleur est de nous convaincre que TOUT est possible. Qu’en travaillant, on peut tout faire. Que nos rêves sont accessibles et méritent de se réaliser. J’ai également pu comprendre que la danse, ce n’est pas “que” être danseur·se. Il y a énormément de métiers et de possibilités dans cette industrie qui ne se limitent pas à performer sur scène ou en vidéo : le champ des possibles est vaste et, aux USA, on est encouragé à tous les explorer, à créer ses propres opportunités. Qu’est-ce qui te rend « Overjoyed » dans…

Culture & Communication. Interview #17 : Karine Joyeux, responsable de la communication au Théâtre de l’Onde de Vélizy-Villacoublay

Par Iris Gratiet

Chaque mois, nous allons à la rencontre des dirigeant·e·s et communicant·e·s du secteur pour partager leurs visions du métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations. En mars, nous avons rencontré Karine Joyeux, responsable de la communication au Théâtre de l’Onde de Vélizy-Villacoublay. Un émoji pour commencer ? 😳 : l’émoji étonnée, curieuse, les yeux grand ouverts… Peux-tu nous raconter le parcours qui t’a menée jusqu’au spectacle vivant et à la communication particulièrement ? J’ai fait des études de lettres durant lesquelles j’étais vacataire au Théâtre de Sartrouville pour accueillir les spectateurs en soirée, contrôler les billets, les vendre, saisir les abonnements… Des années pendant lesquelles je me suis nourrie de spectacles ! J’ai ensuite enseigné le Français plusieurs années dans le secondaire. J’ai continué à fréquenter le Théâtre de Sartrouville, et un soir, c’était pour une représentation de Forêts de Wajdi Mouawad, j’ai appris que la responsable billetterie partait pour une année sabbatique. Je n’ai pas hésité longtemps à lâcher cours et copies pour proposer de la remplacer durant son absence. J’ai eu beaucoup de chance, d’autant plus qu’elle n’est jamais revenue de son voyage. J’ai continué à travailler à l’accueil-billetterie du Théâtre de Sartrouville pendant encore une année. Néanmoins, je ne voyais pas la billetterie comme une finalité. Je rêvais d’écrire la brochure et les programmes de salle ! La Secrétaire générale m’a donné l’opportunité de le faire. Je suis donc entrée en communication par l’écrit et j’ai travaillé en binôme avec un collègue auparavant graphiste indépendant. Tous les deux, nous avons été capables de donner forme de façon rapide et léchée à toutes sortes d’outils et de supports. J’ai bien sûr suivi des formations professionnelles en communication, j’ai surtout appris en faisant, en observant mes pairs, et j’ai toujours été très bien entourée par mes collègues aux relations avec le public et à la billetterie. Mon parcours au Théâtre de Sartrouville a été marqué par des rencontres déterminantes avec des artistes qui sont aujourd’hui très influents dans le spectacle vivant, avec des personnes qui m’ont beaucoup apporté, qui m’ont fait confiance – un cadeau que je savoure aujourd’hui ! J’ai quitté le métier d’enseignante, qui est un métier de représentation, pour me mettre à la place de celle qui regarde – une spectatrice en somme ! Je me nourris de ce que je vois et de ce que j’entends pour alimenter mon métier de communicante. Comment s’organise ton travail aujourd’hui à l’Onde Théâtre, de quoi es-tu en charge concrètement ? Je travaille à l’Onde Théâtre de Vélizy-Villacoublay dans le 78 depuis quatre ans. Nous sommes deux à la communication à travailler en lien étroit avec la Secrétaire générale qui coordonne le volet « publics », avec les relations publiques, l’accueil et la billetterie. C’est en dialogue avec elle que j’élabore le plan de communication de la saison au moment où la programmation annuelle s’élabore. Puis j’organise un planning le plus précis possible sur le print, le digital, les partenariats presse qu’on déroule et qu’on réajuste au fil de la saison. L’Onde produit beaucoup de supports imprimés et je suis très sollicitée par le print. Nous travaillons avec une graphiste de renom, Anette Lenz, au trait puissant et exigeant. Cette identité visuelle très forte conditionne beaucoup notre façon de communiquer : d’abord être à la hauteur de son exigence, ensuite la rendre plus accessible, plus familière pour que les publics se l’approprient. Depuis trois saisons, nous avons pris un véritable tournant pour dynamiser la communication numérique grâce à la refonte du site web. Désormais, on développe beaucoup le travail sur la vidéo sur les réseaux sociaux, sur des sites d’information, sur le réseau d’affichage dans la ville et dans les gares. Ma collègue est une vraie perle dans la production de contenus ! On a d’ailleurs envie d’aller plus loin dans l’incarnation et la prescription à travers le média vidéo. Quelle est la spécificité du travail de communicant aujourd’hui à ton sens ? La communication exige beaucoup de polyvalence, d’être en veille, à l’affût des nouveautés, des tendances, des actualités sur les spectacles, les artistes, la profession. J’ai personnellement à cœur de maintenir une exigence rédactionnelle. J’ai souvent entendu répéter : « les gens ne lisent plus. Inutile de faire des textes trop longs » mais je ne suis pas convaincue par cela, et je continue à écrire pour ceux qui lisent et que ça intéresse d’en savoir plus. En tant que lieu culturel et diffuseur, on se doit de produire des écrits de qualité pour les publics, cela fait partie de notre mission de transmission. Aujourd’hui, on a besoin de diversifier les approches et les formats pour s’adapter aux pratiques des publics. Le papier et le digital ne s’opposent pas, au contraire ils se complètent. On procède plus par addition, que par soustraction : on ne peut rien lâcher ! L’écueil pour un communicant dans une institution, c’est la sédentarité, la répétition, les habitudes. On peut avoir tendance à rester dans sa bulle, c’est la raison pour laquelle j’aime travailler avec des intervenant·es extérieur·es (agences, médias, créateurs de contenus) car ce sont de vraies soupapes pour rester ouvert sur l’extérieur et interroger ses pratiques. Quels sont tes défis de communicante ? Rester curieuse, toujours en veille. J’observe beaucoup les bonnes pratiques chez mes pairs. Je reste très attachée à l’opérationnel : pour moi, il n’y a pas de petites tâches, même s’il est important de régulièrement trouver le temps de penser les choses et de réinjecter de la stratégie dans tout ce qu’on produit. On doit être sur les fronts, parler à tous les publics, s’adapter à toutes les pratiques. Quels sont, selon toi, les publics prioritaires à toucher en communication à l’Onde Théâtre ? S’adresser aux plus jeunes. C’est le leitmotiv dans de nombreux lieux. L’objectif à l’Onde est aussi de toucher un public plus jeune et un public familial. On s’adresse principalement à un public de territoire, c’est-à-dire aux écoles, les collèges, lycées, les associations, les entreprises de proximité. Et certains spectacles ou événements nous amènent à élargir vers des publics plus spécifiques (amateurs de danse,…

« Euphoria » le nouveau projet chorégraphique de Caroline Breton

Par Iris Gratiet

EUPHORIA est une conversation chorégraphique et sonore entre deux chouettes sur le sens de la vie. Deux figures hybrides, mi-chouettes mi-humaines, s’éveillent, se découvrent et s’animent d’une énergie foisonnante, croissante, jusqu’à atteindre un état paroxystique qui appelle une nouvelle écologie de leur relation, entre elles et au monde. Ces deux êtres étranges traversent des situations saugrenues et poétiques qui révèlent le caractère dérisoire et splendide d’une vie. La pièce est une fantaisie qui a à cœur de faire croître en nous le sens de la merveille ; ce sens de l’émerveillement si cher à la biologiste marine Rachel Carson qui nous met en relation directe et profonde avec la puissance du vivant. chorégraphie · Caroline Bretoninterprètes · Caroline Breton & Olivier Muller création sonore · Benoist Bouvotlumières · Charles Cheminassistante · Agathe Vidalobjets chorégraphiques · Chloé Bellemèrecollaboration aux lumières & régie générale · Simon Gautier production · groupe Karol Karolcoproduction · L’étoile du nord – scène conventionnée, KLAP Maison pour la danse à Marseille, Les Hivernales – CDCN d’Avignonsoutiens à la création · Région Île-de-France – aide à la création, Fonds de dotation Francis Kurkdjian, Fondation Beaumarchais – SACD, Caisse des Dépôts – programme danse, La Chaufferie Cie DCA / Philippe Decouflé, la SPEDIDAMsoutiens en résidence · La Ménagerie de Verre Paris, Atelier de Paris / CDCN, CN D Pantin – résidence annuelle, The Watermill Center New York, La Chartreuse CNES Villeneuve-lès-Avignon Cette création 2025 est le fruit de la chorégraphe et interprète Caroline Breton. Après des études de philosophie, elle intègre l’école nationale ERACM de Marseille, où elle lance un collectif d’artistes qui dure 8 ans, diffusé dans les scènes nationales et CDN. Après 10 ans de théâtre auprès de figures fortes comme Yves-Noël Genod, Falk Richter, Christiane Jatahy, Robert Wilson, elle poursuit sa carrière de danseuse, avec les spectacles de Marco Berrettini aux Rencontres Chorégraphiques de Seine-Saint-Denis, Théâtre national de la Danse de Chaillot Paris, Théâtre national de Rome et tournées, Christophe Haleb, Simon Tanguy, Johanna Rocard, Simone Forti dont 3 pièces sont réactivées au Watermill Center de New York en 2023. En 2018, elle fonde avec Charles Chemin le groupe Karol Karol. Ils conçoivent une série de portraits vivants dansés, I Hope en 2019, figures en 2022 à la Ménagerie de Verre et Watermill Center.En 2021, elle crée le quatuor De Natura Rerum à La Pop Paris, Plastique Danse Flore Versailles et au Festival d’Avignon.En 2023, elle est lauréate de la Bourse écriture danse de la Fondation Beaumarchais-SACD pour EUPHORIA, duo sur le sens de la merveille qui sera créé en mars 2025 à L’étoile du nord à Paris. Le Collectif Overjoyed accompagne Caroline Breton, dans ses relations médias depuis février 2025. En tournée :samedi 22 mars 2025 à 20h30 à KLAP – Maison pour la danse, Marseille – Festival + DE GENRES · samedi 26 avril 2025 Création version in situ au Watermill Center, New York+ 3 open studios à CPR et Chez Bushwick, NYC · jeudi 5 juin 2025 La Chartreuse CNES Villeneuve-les-Avignon version In situ · jeudi 12 juin 2025 Le Vélo théâtre, scène conventionnée, Apt Prochainement en 2026 : février 2026 Les hivernales – CDCN d’Avignon- Festival Les Hivernales · mars 2026CCN, Mille Plateaux, La Rochelle, L’UMAA · juillet 2026 Festival Vaison Danses, Vaison- la-Romaine

La grande fuite de X

Par Iris Gratiet

Depuis quelques semaines, X, anciennement Twitter, est sujet à une vague massive de fuites de personnalités publiques, médias et institutions, en bref, une hécatombe pour le réseau social aux 251 millions d’utilisateurs. Chacun·e reproche au dirigeant les mêmes faits : désinformation, soutien clairement affiché pour Donald Trump et censure. Il semblerait que X soit au cœur d’une nouvelle polémique. X, le réseau social qui s’est perdu en vol Depuis l’arrivée du milliardaire à la tête de X en 2022, les polémiques semblent s’y bousculer autant que les tweets. Soutien affiché de Donald Trump lors des élections présidentielles américaines de 2024, Elon Musk est aujourd’hui le conseiller spécial du nouveau président pour « l’efficacité gouvernementale ». Une alliance publique qui a déclenché un véritable exode parmi les médias, les personnalités publiques et les anonymes, qui ferment leurs comptes et tournent le dos à X. Le nombre d’utilisateur·ices quotidien·nes aurait ainsi considérablement diminué en deux ans (entre 3,7 % et 11,6 %). Photo générée par IA Ce n’est pas la première fois que le patron de Tesla s’attire les critiques. Depuis son rachat de la plateforme, des chercheurs américains de l’ONG « Center for Countering Digital Hate » alertent sur une montée en flèche de contenus haineux, fake news, théories du complot et discours d’extrême droite2. Le journal espagnol La Vanguardia dénonce, quant à lui, un « manque de modération efficace et raisonnable ».3 L’origine de ce désordre ? Elon Musk a drastiquement réduit les effectifs, notamment dans les équipes chargées de la modération, tout en réhabilitant des comptes autrefois bannis pour leurs propos misogynes et polémiques. Résultat : une plateforme où les dérives inquiétantes s’amplifient.4 Artistes, médias et universités : les premiers déserteurs Le média britannique The Guardian a annoncé son retrait du réseau le 13 novembre dernier : « Nous tenions à informer nos lecteurs que nous ne publierons plus de messages sur les comptes officiels de la rédaction du Guardian sur le site X (anciennement Twitter). »5Une décision suivie par différents médias français, tels Ouest-France ou Sud-Ouest. À ce sujet, le directeur général du groupe Sud-Ouest, Nicolas Sterckx, déclare dans un communiqué du 21 novembre 2024 : « Tant que des garanties sérieuses de lutte contre la désinformation et en faveur de l’équilibre des débats n’auront pas été apportées, nous ne reviendrons pas sur X. »6 Dans leur sillage, certaines personnalités publiques mondialement connues ont également décidé de quitter X, parmi lesquelles Gigi Hadid, Stephen King ou encore Jim Carrey.7 En France, la journaliste Salomé Saqué et l’homme politique Benoît Hamon ont boycotté X en soutien à Sud-Ouest et Ouest-France, mais également pour protester contre Donald Trump et la désinformation que la plateforme favoriserait. 8 Ce sont les mêmes raisons qui ont poussé, en 2023, Éric Breton, président de l’Université Aix-Marseille à se retirer du réseau social, la ligne éditoriale de celui-ci étant, selon lui, « incompatible avec les valeurs de tolérance, d’humanisme dans laquelle l’Université d’Aix Marseille est engagée ». L’initiative avait été lancée par l’Université de Rennes 2 le 31 août 2023. Le mouvement à ensuite été dûment suivi par Centrale Nantes, Sciences Po Toulouse, les universités de Lyon 3, Jean Monnet Saint-Étienne, Picardie Jules Vernes, Bordeaux, Strasbourg, Nantes…9 Partir certes, mais pour aller où ? Des alternatives fleurissent et en profitent pour récupérer les utilisateurs en exode de X. Dans le cas de Stephen King, maître de l’horreur, c’est Threads, une plateforme proposée par Meta (la maison mère d’Instagram et Facebook), qui a pris le relais.10 Cela fait déjà quelques années qu’Instagram tente de regrouper toutes les fonctions des autres réseaux sociaux en son sein : en 2016 avec les « Stories » inspirées de Snapchat, en 2020 avec la création de l’onglet « Réels » reprenant le concept de l’application phare TikTok, devenu aujourd’hui le canal privilégié des jeunes pour s’informer. Et enfin, en 2023, avec l’arrivée des « Threads » permettant aux utilisateurs et utilisatrices d’Instagram de publier des courts textes, d’aimer ou de commenter ceux des autres à la manière de X.11 D’autres personnalités, comme Barbra Streisand, ont choisi de rejoindre le réseau Bluesky, créé par l’ancien patron de Twitter, Jack Dorsey. Aujourd’hui dirigé par Jay Graber, Bluesky a gagné près d’un million d’utilisateur·ices à la suite des élections présidentielles et de la nomination d’Elon Musk.12Bluesky reprend le principe d’interactions via de courts échanges, de messages, de photos et de vidéos entre internautes qui disposent chacun·e d’un profil indépendant permettant de « liker » et partager des posts.13 Les plateformes alternatives enregistrent donc actuellement une forte croissance : Bluesky compte aujourd’hui 16 millions d’utilisateur·ices, contre 10 millions à la mi-septembre 2024.14 Et une solution alternative éthique ? Si vous cherchez à quitter X pour de nouveaux horizons plus éthiques, vous pourriez apprécier l’application en open source décentralisée Mastodon.La différence ? Mastodon base son fonctionnement sur un système d’instance, c’est-à-dire un serveur hébergé et administré par une ou plusieurs personnes, où sont stockées les données publiées par les utilisateur·ices. 15Chacune de ces instances dispose de ses propres règles ainsi que d’une équipe de modération dédiée offrant ainsi un environnement adapté aux préférences des utilisateur·ices. Les instances peuvent interagir entre elles, formant un réseau interconnecté tout en permettant une gestion décentralisée et diversifiée des communautés.16 Et vous, continuez-vous à utiliser X ? Quel autre réseau vous intéresserait ?

Immersion Danse à l’Onde : le temps fort dédié à la danse contemporaine européenne du Théâtre Centre d’Art Vélizy-Villacoublay

Par Iris Gratiet

À l’aube d’une nouvelle saison foisonnante, Joël Gunzburger et son équipe convient leur public, pour la 9e année, à une série d’expériences et de découvertes autour de la danse contemporaine française et internationale. Immersion danse, c’est un programme de cinq soirées partagées, pendant lesquelles se côtoient deux formes chorégraphiques dans deux espaces du théâtre, comme un dialogue entre deux artistes, deux univers singuliers, deux pensées en mouvement sur le monde. Le temps de ce programme original, des artistes français et internationaux, émergents et reconnus, se croisent sur les différents plateaux de l’Onde. Cette édition associe des créations 2024 : Kill Me de Marina Ottero, Torpeur d’Angelin Preljocaj, une première : Trois concertos pour piano de Bartók de Louis Barreau, des reprises : d’Angelin Preljocaj et de Mazelfreten. Ainsi qu’un temps festif autour d’un DJ pour partager le plaisir de danser ensemble. Et la danse à l’Onde se vit aussi tout le reste de l’année, avec des artistes tels que Marie-Claude Pietragalla, Anne Teresa De Keersmaeker & Radouan Mriziga, Sharon Eyal, Amala Dianor, Ohad Naharin, Sylvère Lamotte, mais surtout Olivier Dubois, désormais artiste associé, qui présentera For Gods Only, son solo pour Marie-Agnès Gillot, à la veille de l’été. Le collectif Overjoyed accompagne l’équipe de l’Onde Théâtre de Vélizy-Villacoublay depuis 2022 dans ses relations médias. Soirée d’ouverture 19h30 – Mes autres (reprise) Sylvie Pabiot – artiste complice45 min – L’atelier À la frontière de la danse, de la performance et de l’installation plastique, Sylvie Pabiot danse et chorégraphie un tableau sur la multiplicité de l’être. « Je suis les autres en moi. » Les mots de Jean-Paul Sartre donnent le ton de ce solo dansé par Sylvie Pabiot, qui questionne la notion d’identité à travers un autoportrait pictural. Dans cette œuvre plastique, le corps, la lumière et le son créent un paysage poétique chargé de présences absentes. Ce portrait prend le chemin des étrangetés qui composent le moi : une mosaïque de corps illusoires. Par son minimalisme radical et son temps étiré, ce solo nous invite à une douce contemplation. [tournée 25] Décembre 2024 : Théâtre le Hangar, Toulouse (31) 14 fév. Festival Faits d’Hiver, Paris (75)  > En savoir + 20h30 – Kill Me (Création 2024)Marina Otero 1h30 – Grande Scène Avec six interprètes à l’énergie fulgurante, Marina Otero place le corps au centre d’une histoire de folie amoureuse. Un véritable uppercut ! Révélée en Europe avec l’explosif Fuck Me, Marina Otero est l’une des figures de la scène alternative argentine. Depuis plusieurs années, elle développe une recherche basée sur sa propre vie dans des performances furieuses et exaltantes, qui poussent le corps dans ses retranchements les plus sensibles. Entre documentaire et fiction, elle expose à cœur ouvert des réalités intimes et sociétales. Kill Me est un tableau vivant sur la folie amoureuse et le trouble mental, incarné par six interprètes à l’énergie fulgurante. Traversée d’ondes de choc, cette nouvelle création est un alliage fascinant entre poésie à fleur de peau et rugosité sauvage. + Workshop dédié aux artistes professionnels les 6 & 7 novembre 2024 > En savoir + sur l’Onde Soirées du vendredi 8 et du samedi 9 novembre 2024 Samedi 19h30 – Soirée d’étudesCassiel Gaube1h – L’atelier Quand la house dance rencontre la danse contemporaine, naît une série de courtes pièces emboîtées les unes dans les autres par le chorégraphe belge. Cette Soirée d’études est un pas de deux à trois interprètes, se passant le relais pour composer différents duos. Dans cette suite d’exercices sur des motifs dansés, la répétition travaille le danseur comme le regard. Mise en pièces, la house dance révèle sa technique et ses sources (marche, course, respiration, claquettes, et puis salsa, hip-hop, reggae, groove, footwork), et la danse se recompose pour faire apparaître un langage naturel et limpide à déchiffrer. > En savoir + 20h30 – Annonciation, Torpeur, NocesAngelin Preljocaj1h40 – Grande Scène  Une soirée en trois temps sublimant l’écriture chorégraphique hors normes d’Angelin Preljocaj ! Angelin Preljocaj signe un programme composé de deux pièces majeures de son répertoire Noces et Annonciation, auxquelles il associe la création, Torpeur. De Vivaldi à Stravinsky, du duo aux pièces d’ensemble, ce triptyque éclectique d’une grande sensualité trace un trait d’union entre passé et présent autour de son geste chorégraphique. [tournée] 12&13 nov. 24, Scène Nationale, Sénart / 15 nov. 24, Théâtre et Cinéma de Choisy-le-Roi / 17 nov. 24, Théâtre de Poissy… + de dates > En savoir + sur l’Onde Soirée du mardi 12 novembre 2024 20h30 – Rave Lucid Mazelfreten + DJ set 50 min + 45 min DJ Set – Grande Scène Auréolé par la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024, la troupe donne rendez-vous à tous les publics de la Grande Scène de l’Onde. Dans une ambiance vibrante et survoltée, dix danseurs venus du monde entier développent une danse qui s’inspire de l’univers chaleureux des battles. Sur les rythmes puissants d’une musique électro/house et techno, ils déploient l’univers de la rave conçue comme une célébration, une fête, une transe organique. Entre lâcher prise et poussées d’adrénaline, Mazelfreten invente un ballet électro d’un genre nouveau. 50 minutes d’énergie pure. [tournée] 22 nov. 24, Cachan / 11, 12 & 13 déc. 24, Paris / 18 déc. 24 Mâcon France… + de dates > En savoir + 21h20 – DJ Set – DJ MalboneigeMalboneige45 min – Participatif et gratuit  Après le spectacle, la soirée continue sur le dancefloor avec DJ Malboneige et deux danseurs de la troupe qui  guideront les publics dans la quête du flow électro > En savoir + Soirée de clôture samedi 16 novembre 2024 19h30- Stans Ana Pérez & José Sanchez1h – L’atelier  En partenariat avec Danse Dense #LeFestival Une pièce hybride où la danse flamenco entre en dialogue avec la musique baroque. Stans signifie « debout » en latin. Stans est un duo, une conversation entre Ana Pérez, danseuse flamenco aux ouvertures des plus contemporaines, et José Sanchez, virtuose de la guitare flamenca. Ensemble, ils explorent l’univers baroque et mystique du Stabat Mater, poème religieux du Moyen-Âge évoquant la figure d’une femme debout face à la perte de son fils. Nourris par les multiples univers musicaux qu’ils ont traversés, les deux artistes interrogent la tradition, se jouent des codes, repoussent les limites, pour dessiner des chemins inexplorés. [tournée] 15 avr. 25, KLAP Maison pour la danse Marseille + de dates > En savoir + sur l’Onde 20h30 – Trois…

Les projets engagés de Sylvie Balestra – Fondatrice de la Compagnie Sylex

Par Iris Gratiet

En 2024, après le succès de Grrrrr, Sylvie Balestra – Compagnie Sylex crée un nouveau projet artistique complet autour de l’adolescence : Rites de Passage. Rites de passage associe recherches, médiation, exposition et performances. Sa nécessité est apparue à Sylvie Balestra, lauréate d’un 1 % artistique du ministère de la Justice, à l’issue d’une résidence menée avec des adolescent·es dans un Centre éducatif fermé (CEF) en janvier 2023. Sylvie Balestra est danseuse-chorégraphe, formée à la danse contemporaine, à l’anthropologie de la danse et aux pratiques somatiques. Artiste compagnonne du Théâtre du Cloître, scène nationale de Bellac (87), elle s’appuie sur ce parcours pour constituer une méthodologie de travail de terrain associant danse et anthropologie. Le Collectif Overjoyed accompagne Sylvie Balestra et la Compagnie Sylex dans ses relations médias ainsi que dans la refonte de son site web. L’identité graphique de la compagnie a, quant à elle, été réalisée par Guillaume Ruiz, graphiste implanté à Bordeaux. « Dans une société qui n’a plus de rites de passage pour ce seuil si puissant qu’est l’adolescence, j’ai envie de créer une adresse directe, en mouvement, pleine d’énergie, de transformations qui puise dans l’anthropologie pour réinventer un continuum entre cultures traditionnelles et contemporaines. » Sylvie Balestra Elle fonde en 2010 SYLEX, compagnie de danse contemporaine, conventionnée en Nouvelle-Aquitaine, qui interroge ce qui met chacun d’entre nous en mouvement. Son répertoire se nourrit de l’observation anthropologique et de l’écoute des savoirs intimes et singuliers d’individus en mouvement au sein d’une communauté de travail (L’Encyclopédie du Geste Ouvrier), sportive (Rugby), géographique (4×4)… Sylvie Balestra, « chorégraphe-anthropologue » développe depuis 2010 une démarche de création de terrain, profondément humaine et basée sur l’observation et le lien avec les personnes. De la petite enfance à la vieillesse en passant par le travail et les environnements naturels, elle s’arrête pour remettre du sens « dans nos quotidiens », voire dans ce qui semble menacé par les sociétés contemporaines. Rites de passage – L’exposition ETHNOBRUT L’exposition ETHNOBRUT est issue d’un partage de savoir-faire avec des maroquiniers d’un atelier de l’entreprise Hermès, qui a permis à Sylvie Balestra de créer 7 parures en cuir et ballons de sport recyclés avec les mineurs du CEF. Ces parures exposées dialoguent avec des courts-métrages réalisés par Camille Auburtin pour que ces parures exposées soient incarnées par des mains au travail et des corps en mouvement.Autour de cette notion anthropologique du rite de passage, elle met en avant la transformation et la nécessité de rituel collectif –  avec un objet connu de toutes les cultures, symbolique et populaire : le ballon de sport qui devient, pour des adolescentes et adolescents, une armure pour se protéger, une parure pour s’empuissancer. Prochaines dates : L’Expo ETHNOBRUT du 20 septembre au 20 octobre à la Fabrique POLA de Bordeaux, puis en tournée dans toute la France. Scénographe : Isabelle Fourcade ; Réalisatrice : Camille Auburtin ; Graphiste : Guillaume RuizContributrices et contributeurs : Lætitia Fronty, Nathalie Marbouty, Laurent Contreras pour la maroquinerie Hermès ainsi que A., Ba., Br., E., JM., O. et R.Grâce aux soutiens du ministère de la Justice, de la DRAC Nouvelle-Aquitaine – Politique de la ville, de La Maroquinerie Nontronnaise, de La Région Nouvelle-Aquitaine – service Jeunesse, de La Fabrique Pola, de la Fondation d’entreprise Hermès. Rites de passage est un solo chorégraphique qui évoque l’adolescence, l’image de soi, la prise de risques, les enfermements, la dépense d’énergie, la peau – celle que l’on a, qui nous colle comme une étiquette et celle que l’on voudrait changer, la mue, la transformation. Partir d’un dribble, balle de foot au pied pour aller jusqu’à la transe, c’est le parcours que mènera cette soliste à la recherche du seuil, du passage de son enfance déjà derrière elle vers le monde adulte encore inaccessible. 50 min. à partir de 10 ans Distribution : Conception & Chorégraphie : Sylvie Balestra / Interprétation : Janice Bieleu / Création lumière : Yvan Labasse / Création costumes : Aude Desigaux / Collaboration à la mise en scène : Cyrielle Bloy / Répétitrice : Garance Bréhaudat / Artiste sonore : Simone AubertCoproductions : Le Théâtre du Cloître – Scène conventionnée à Bellac, l’Agence Culturelle Départementale Dordogne-Périgord, le Glob Théâtre – Scène conventionnée à Bordeaux, le Théâtre d’Angoulême – Scène nationale, Format Danse Ardèche, l’Agora Pôle National Cirque de Boulazac, l’OARA, Accueil studio La Manufacture CDCN Bordeaux La Rochelle avec le soutien du CCN La Rochelle Mille Plateaux Prochaines dates 24/25 : Premières : 7 et 8 novembre : Pôle National Cirque, L’Agora de Boulazac (24)12 et 13 novembre 2024 : Glob théâtre, Scène conventionnée Art & création, Bordeaux (33).19 et 20 novembre 2024 : La Briqueterie CDCN du Val-de-Marne, en partenariat avec le Festival Playground (94) 8 et 9 janvier 2025 : Théâtre d’Angoulême, Scène Nationale (16)15 au 17 janvier 2025 : Points Communs, Scène nationale de Cergy (95)30 et 31 janvier 2025 : Théâtre du Cloître, Scène conventionnée de Bellac (87)6 et 7 février 2025 : Champ de Foire – Saint André de Cubzac (33) dans le cadre du Festival POUCE ! 11 février 2025 : Château d’Oléron (17) dans le cadre du Festival POUCE ! – La Manufacture CDCN Bordeaux / La Rochelle28 mars 2025 : L’Aire Libre, Saint Jacques de La Lande (35) Et toujours en tournée 24/25 Grrrrr est un solo de danse, à partir de 3 ans, qui se joue en cercle en très grande proximité.La pièce propose un rituel dansé où des figures animales apparaissent faites de peaux, de poils et de plumes. Grâce à un costume impressionnant, le corps se transforme, du tigre à l’oiseau en passant par le cheval. Tout ce bestiaire d’animaux hybrides à jambes de danseuse amène les spectateurs dans un univers à la fois doux, grotesque et magique. Par une approche anthropologique et ludique, ce spectacle nous ramène aux origines de la danse. Expérience joyeuse et sauvage, Grrrrr invite à tous nous mettre en mouvement, enfants et adultes, dans un grand bal final.Entre 2017 et 2024, Grrrrr a été représenté plus de 500 fois dans des CCN, CDCN, CDN, Scènes nationales et Scènes conventionnées.

Culture & Communication. Interview #16 : Ronan Ynard, secrétaire général du Théâtre du Nord

Par Iris Gratiet

Chaque mois, nous allons à la rencontre des dirigeant·e·s et communicant·e·s du secteur pour partager leurs visions du métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations. En juillet, c’est sous le soleil d’Avignon et dans les heures encore calmes d’une édition anticipée par les JO 2024, que nous avons (enfin) rencontré Ronan Ynard, secrétaire général du Théâtre du Nord, CDN Lille / Tourcoing / Hauts-de-France (et oui, aussi « Ronan au Théâtre », premier YouTubeur du genre). Et ça valait le coup d’attendre. Un émoji pour commencer ? Un cœur jaune 💛 C’est la couleur de ma chaîne YouTube, ça symbolise l’amour et le soleil dedans, il m’accompagne malgré les changements. Peux-tu nous raconter le parcours qui t’a mené jusqu’au spectacle vivant ?   Tout a commencé par une pratique du théâtre amateur de 7 à 18 ans dans différentes associations et une fascination pour le théâtre de boulevard. À l’époque, je ne suis pas au courant qu’il y a d’autres genres de théâtre. Je m’oriente vers un DUT Génie Biologique parce que je ne pense pas qu’il est possible d’en faire un métier, qu’il y a d’autres compétences autour des comédiens. Mais rapidement, je me dis que je ne peux pas rester dans cette voie. J’arrive aux Journées Portes Ouvertes de la Sorbonne Nouvelle et malgré mon peu de culture de spectateur (je n’avais vu que deux pièces de Laurent Ruquier) je m’inscris et je suis pris en études théâtrales. Je me souviens qu’ils nous envoient voir des spectacles comme Le chagrin des ogres de Fabrice Murgia et un monde s’ouvre à moi. Les comédiens ont des micros, il y a une adresse au public, ce n’est pas narratif et, à l’époque, c’est le choc. Je suis avec des étudiant·es en théâtre qui critiquent déjà la pièce alors que pour moi, tout est nouveau et je décide de rattraper mon retard. Je fais tout le Festival d’Automne, je découvre Angélica Liddell, Romeo Castellucci…  ©Jean-Louis Fernandez Le déclic pour la communication est arrivé seulement en 2015 en fin de master. Je travaillais à la billetterie et je ne comprenais pas pourquoi l’Odéon avait un public de quartier alors qu’on était dans un Théâtre National et pourquoi il n’y avait aucun jeune dans les spectacles de Luc Bondy. En parallèle, c’est l’avènement des YouTubeurs et on commence à en parler à la télé. EnjoyPhœnix devient mon modèle avec son concept de vlog quotidien. En moi germe l’idée que je pourrais faire tout ça, mais dans le théâtre : j’achète des billets, je vais au spectacle, aux soirées, il y a quelque chose à raconter. Je fais plusieurs essais sur des vidéos où je commente les billets achetés pour la saison (Haul) et je lance la chaîne. C’est cette démarche qui m’a amené à réfléchir aux stratégies de communication dans les lieux avant de devenir chef de pub chez Sylvie Aubert communication. J’ai beaucoup appris mais je n’ai pas aimé l’univers de l’agence car j’étais frustré de ne pas travailler dans un théâtre, de ne pas participer aux répétitions, ça me manquait. C’est à ce moment que la Scala a ouvert, j’ai rejoint l’équipe sur le numérique puis je suis devenu responsable communication.  Je rencontre des gens qui me font confiance à un moment où beaucoup ne savent pas comment le numérique fonctionne. Moi, je suis curieux et, grâce à YouTube, sur la base des outils existants, je me forme et me nourris des contenus proposés pour essayer de comprendre, je trouve ça fascinant. J’expérimente les codes marketing qui se développent dans le secteur privé et sont hyper puissants et je suis sûr qu’on peut faire pareil dans un but non lucratif. Pourtant certains théâtres ne veulent pas utiliser les ciblages par typologie de public par principe mais, à mon sens, si les outils permettent aux publics de venir se cultiver il ne faut pas en avoir peur et surtout il ne faut pas disparaître des réseaux sociaux. David Bobée, lui, ne connaissait pas mes compétences en communication, il m’a recruté par rapport à ma chaîne YouTube et en faisant le pari de ma capacité à apprendre très vite. Il m’a dit ensuite : « Je ne savais pas que tu savais autant travailler » : heureusement ! Comment s’organise ton travail aujourd’hui au Théâtre du Nord ? Il y a d’abord eu beaucoup de ressources humaines car le pôle communication n’avait pas de responsable. J’ai donc commencé avec une secrétaire en communication et un webmaster qui est parti assez rapidement. J’ai ensuite recruté un attaché à la création des contenus et aux réseaux sociaux car je n’avais plus le temps de faire la technique. On a aussi une graphiste freelance. Côté stratégie, avec David Bobée, on s’accorde sur la brochure, sur un ton et le visuel de saison. On a développé un vocabulaire commun que j’ai vite compris, on parle « la même langue ». La communication du Théâtre du Nord est très positive. On a un projet très militant, mais qui ne se traduit pas de manière frontale dans la communication. C’est un lieu accessible à tous, pour le grand public et on laisse les œuvres faire le travail militant. Ce qui est intéressant, c’est de faire venir une diversité de publics et d’opinions. Pour cela, nous essayons d’être le plus lisible possible, dynamique, concret, et surtout pas conceptuel, pour qu’ils puissent se projeter. Je n’ai aucun problème à reprendre des codes populaires et commerciaux du théâtre privé qui joue sur « les noms » des auteurs ou des acteurs ou sur des verbatims presse. Pour moi, ce n’est pas honteux, car on a besoin de rassurer le public et de lui faire savoir que c’est le meilleur spectacle. C’est ce que nous avons fait pour Dom Juan de David Bobée à Tourcoing et ça a fonctionné.  Je fais beaucoup de campagnes digitales ciblées (mailing et réseaux sociaux) et je travaille « en cercles ». Par exemple, pour le lancement de saison, je me concentre sur le public affinitaire, je lance une campagne avec peu de budget, auprès d’un public qui assure un « fond de salle » qui a ses…

Emersiøn totale : l’art du théâtre selon Léonard Matton

Par Iris Gratiet

Depuis mars, Marie-Pierre Bourdier et Céline Allais accompagnent la communication de la Compagnie Emersiøn, dirigée par Léonard Matton et Mathilde Gamon. Emersiøn s’est distinguée par ses productions théâtrales audacieuses et innovantes qui immergent le public dans un univers artistique. Cette collaboration perpétue l’engagement du Collectif Overjoyed en faveur des nouvelles formes de créations artistiques plurielles. Créée en 2022 à l’initiative du metteur en scène et comédien Léonard Matton et de Mathilde Gamon, directrice de production, la Compagnie Emersiøn se consacre à la création et à la diffusion de spectacles et expositions immersifs utilisant les nouvelles technologies du son, de la vidéo et d’autres arts. La spécificité de cette forme théâtrale réside dans l’absence de séparation entre scène et public. De cette manière, les spectateur·rices sont plongé·e·s au cœur d’un univers artistique singulier. Pionnier et leader dans le domaine de l’immersif vivant depuis 2017, Léonard Matton développe ses propositions artistiques en partenariat avec le Centre des monuments nationaux, le Centre National du Livre, Paris Musées ou en collaboration avec TF1 Spectacles, Lotchi (Luminiscence), etc. Il met en scène et en espaces la puissance des grands auteurs, classiques et contemporains, notamment avc Helsingør, Château d’Hamlet joué dans le cadre médiéval du Château de Vincennes, au printemps dernier. Depuis le 16 août, Léonard Matton reprend sa deuxième création immersive, Le Fléau, mesure pour mesure, jusqu’au 7 septembre au Domaine national du Palais-Royal à Paris. La Compagnie Emersiøn s’empare de ce nouveau lieu emblématique situé au cœur de Paris, pour faire vivre au spectateur·rices une expérience sans frontière, hors du temps. « Léonard Matton adapte Shakespeare dans une pièce immersive flamboyante au Palais-Royal. Splendide. »Jacky Bornet, France Info La Compagnie Emersiøn est également hébergée au 104factory, établissement culturel de la Ville de Paris et incubateur dédié aux structures culturelles et créatives à impact. La compagnie deviendra

Jusqu’au 22 septembre 2024 la 3e édition du Festival du Théâtre de Verdure.

Par Iris Gratiet

Après le succès de la reprise de « Hamlet », mise en scène par Audrey Bonnet, le Festival du Théâtre de Verdure prend ses quartiers d’été dans le cadre d’une programmation hors les murs liée aux festivités des Jeux Olympiques et Paralympiques, du 31 juillet au 27 août au Parc Sainte-Périne (16e).La programmation reprendra ensuite au Jardin Shakespeare du 24 août jusqu’au 22 septembre, avec la création 2024 « Les Jeux Oubliés » de Mathieu Genet et de nouveaux spectacles jeune et tout public à découvrir, pour une rentrée culturelle et bucolique. Dès samedi 24 août : Les Jeux Oubliés (Création 2024) Mise en scène par Mathieu Genet « Après un travail préparatoire d’enquête, les JO arrivant à grands pas, j’ai cherché à découvrir s’il y avait un lien avec le bois de Boulogne. C’est ainsi que je suis tombé sur les Jeux de 1900, la deuxième édition des Jeux olympiques modernes et dont une partie des épreuves d’athlétisme, dont le marathon, se sont déroulées à 200 mètres du théâtre, sur un stade qui s’appelait… le stade de la Croix-Catelan. » Propos de Mathieu Genet / L’Œil d’Olivier, 7 juin 2024 Texte et mise en scène : Mathieu Genet • Chorégraphie : Marie Bonnet • Jeu : Fleur Sulmont, Noa Landon, Alexandre Théry et Jonathan Genet • Création son : Nicolas Delbart • Projet soutenu par la Mairie de Paris à travers l’Olympiade Culturelle, par l’Adami et la Région Île-de-France. En partenariat avec le Racing Club de France. Prochaines dates : samedi 24 et mercredi 28 août à 15h • samedi 14 septembre à 14h •  les samedis 7 et 21 septembre à 15h  Tout public dès 9 ans · Durée 1h20 Photo © Mathieu Camille Colin Des spectacles pour le jeune public Parade(Petite) Prosper.O Une danseuse construit son nid. Elle s’empare d’objets bruts autour d’elle. Tel un oiseau elle fabrique son être, à coup de dessins, de danses et de parures absurdes et bariolées. « Parade (Petite) » déploie ainsi des gestes naissants, jusqu’à la fulgurance d’un envol. La musique de percussions de Linda Edsjö surgit, embrasse et propulse toutes ces petites et grandes migrations.  De Mathilde Vrignaud / Ensemble LAB//SEM  8 représentations : samedi 24 • dimanche 25  • mercredi 28  et samedi 31 août à 11h • dimanche 1er • samedi 7 •  dimanche 8 • samedi 14 septembre à 11h Dès 8 mois – Durée 35 minutes  © Stefania Becheanu « Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs… » Cette réplique résume bien l’envie de ce spectacle, en convoquant sur la scène le personnage de Prospero de William Shakespeare. La pièce voguera vers la fiction et le présent. Il se passe des choses étranges sur cette île de la Méditerranée et le conteur qui s’adressera aux spectateurs fera tout pour vous raconter ses histoires de marin, de magicien, de roi ou de messager athénien.  De Fernand Dubois  3 représentations : dimanche 15 • samedi 21 • dimanche 22 septembre à 11h  Tout public dès 8 ans – Durée 50 minutes  Des spectacles pour toute la famille Le Songe d’une nuit d’été La part sombre Le classique de William Shakespeare – version hyperactive ! Qui vous invite dans un univers où le théâtre est une fête.  De William Shakespeare / Compagnie ADN  10 représentations : samedi 24 • mercredi 28 samedi 30  •  dimanche 31 août à 17h  •  dimanche 25 août à 16h  •  dimanche 1er  • dimanche 8  •  samedi 14 • dimanche 15 septembre à 16h  •  samedi 7 septembre à 17h Tout public dès 8 ans · Durée 1h20 « La part sombre » est un spectacle puissant et sensible sur le vécu d’une femme qui perd pied, fait face au chaos et se relève.  De Maï David et Gaëlle Héraut / Compagnie Bravo Théâtre  3 représentations : samedi 6 •  dimanche 7 •  samedi 13 septembre à 19h30 Tout public dès 15 ans • Durée 1h À table, chez nous, on ne parlait pas L’histoire d’un jeune homme de vingt ans qui en 1943 est brusquement arraché à son quotidien…  De Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre / Théâtre Irruptionnel  4 représentations : mercredi 28 • vendredi 30 août à 19h30 •  samedi 31 août à 15h • vendredi 20 septembre à 17h Tout public dès 13 ans – Durée 1h   Les ruines circulaires Et si vous n’existiez que dans le rêve de quelqu’un d’autre ? Entrez dans le cercle et laissez-vous emporter dans cette fable fantastique et philosophique, à mi-chemin entre rêve et réalité.  De Jorges Luis Borges traduit par Paul Verdevoye / Compagnie Les Entrevoûtes  Unique représentation : samedi 31 août à 19h30 Tout public dès 10 ans – Durée 30 minutes   La reprise Petite Histoire Secrète du Bois de Boulogne (Création 2022) À travers l’histoire singulière du bois de Boulogne, c’est une histoire de France qui se raconte devant nous, l’histoire d’un bois à travers les siècles et leurs bouleversements. Texte et mise en scène : Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre Tout public dès 8 ans • Durée 1h10  Prochaines dates : dimanche 1er • 8 • 15 • 22 septembre à 14h Photo © Mathieu Camille Colin Le Théâtre de Verdure du Jardin Shakespeare, situé au cœur du Bois de Boulogne dirigé par Lisa Pajon et Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, codirecteurs du Théâtre Irruptionnel depuis novembre 2021, est accompagné dans sa communication et ses relations médias par le Collectif Overjoyed depuis 2022.

L’AGENDA DE BUSSANG – du 20 juillet au 15 septembre 2024

Par Iris Gratiet

Le Théâtre du Peuple, situé à Bussang et dirigé par Julie Delille, est accompagné depuis janvier 2024, dans ses relations à la presse, par Delphine Menjaud-Podrzycki. Par ailleurs, la refonte du site internet a été pilotée par Céline Allais, toutes deux membres du Collectif Overjoyed. Il y a en France, au cœur des Vosges, un lieu de création, d’expérimentation et de transmission unique – et le mot n’est pas galvaudé ici, le Théâtre du Peuple de Bussang. Un lieu qui véhicule un imaginaire fort, repéré par-delà nos frontières. Né en 1895 d’une utopie humaniste et artistique, ce théâtre maintient vivant l’idéal de son fondateur, Maurice Pottecher, résumé par la devise « par l’art, pour l’humanité ».La metteuse en scène Julie Delille, directrice artistique de la Cie Théâtre des trois Parques dirige le Théâtre du Peuple depuis octobre 2023. Elle dévoile sa première saison d’été nommée « Bien venue ». Avec cette première édition, elle souhaite « que l’on [soit] ici à sa place », que l’on ouvre « nos portes intérieures pour laisser entrer la poésie et le vivant », et qu’ensemble on fasse  » humanité ». L’ouverture aux publics de Bussang a eu lieu le 20 juillet dernier avec la mise en scène de Julie Delille : Le Conte d’hiver de William Shakespeare. Au programme aussi jusqu’au 15 septembre : le retour joyeux de Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan avec Les Gros patinent bien, une journée tout en récitals – et jusqu’à la tombée de la nuit – avec le pianiste Jean-Claude Pennetier, ou encore les Premières Journées du Matrimoine de Bussang qui clôtureront les 14 et 15 septembre, avec Aurore Evain, cette première saison…  » Bien venue  » donc à Bussang. « Le Conte d’hiver » D’après William Shakespeare mise en scène par Julie Delille Création du 20 juillet au 31 août 2024 au Théâtre du Peuple, Bussang Dans l’esprit de Léontes, roi de Sicile un doute s’insinue : son frère de cœur, Polixènes, roi de Bohème et sa femme Hermione ont-ils une aventure ? Qui est le père de l’enfant qu’Hermione attend ? Ce doute se changera vite en folie furieuse et la colère du Roi se déchaîne : Polixènes s’enfuit, la Reine est emprisonnée, le nouveau-né est abandonné, le jeune prince Mamilius meurt. Quand Léontes réalise son erreur, il est trop tard : il n’a plus qu’à contempler sa vie détruite en se sachant seul coupable de sa ruine. Pourtant seize ans plus tard, »ce qui a été perdu sera retrouvé »…Emportée par une farandole de personnages hauts en couleur l’histoire se déploie : l’hiver et sa tragédie glacée cèdent bientôt la place au printemps où fleuriront situations comiques et paroles drolatiques. Heureusement, il y a des contes où le bonheur l’emporte sur la vraisemblance et où le temps peut être ce magicien qui transcende toutes les espérances. Dramaturgie Alix Fournier-Pittaluga / Scénographie et costumes Clémence Delille / Création lumière Elsa Revol / Musique Julien Lepreux Assistanat mise en scène Gwenaëlle Martin / Assistanat scénographie et costumes Elise Villatte / Régie générale et lumière Pablo Roy / Régie son Corentin Guiblin / Production Théâtre du Peuple / Coproduction Théâtre des trois Parques Avec Laurence Cordier, Laurent Desponds, Baptiste Relat et les comédien·nes amateurices de la troupe 2024 du Théâtre du PeupleDurée 3h avec entracte | jeu, ven, sam et dim à 15h | à partir de 10 ans ​©photo de répétition Le Conte d’hiver Les mots de Julie Delille, directrice du Théâtre du Peuple ©Pierrick Delobelle « Mêlant tragédie et comédie avec adresse, Shakespeare nous livre ici une fresque qui nous permet de contempler avec émotion ce qui souvent nous sidère : la coexistence des contraires.Pour ce premier geste de mise en scène à Bussang, il s’agira de faire troupe avec les amateurices et les professionnel·les mais aussi avec toutes les personnes qui viendront au cours de l’été accompagner l’aventure. Il y a quelques 122 ans, Maurice Pottecher montait ici une pièce de Shakespeare. Dans l’avant-propos de la traduction de Macbeth, il écrivait : «Faire aimer ce qu’on aime, admirer ce qu’on admire, c’est pour tout homme un plaisir qui, chez un artiste, renferme peut-être tout le devoir. […] Il y a mieux à chercher dans Macbeth qu’une morale pour les ambitieux : on y trouve la leçon sublime du génie, le miroir où l’humanité se révèle telle qu’elle a besoin de se concevoir, agrandie en ses vices comme en ses vertus.»  Travaillant avec joie et exigence dans l’esprit d’expérimentation et d’audace de l’héritage pottecherien, nous souhaitons proposer au public une expérience aussi profonde que divertissante. Sans jamais chercher à éclairer le trouble qui nous habite dès la lecture de la pièce, il s’agit au contraire, d’ouvrir une brèche pour qu’il se déploie et de nous baigner dans son mystère. Après tout, il s’agit d’un conte et son dénouement sera heureux. » SAISON D’ÉTÉ À BUSSANG du 20 juillet au 15 septembre 2024 Reprise : Les Gros patinent bien – du 7 au 31 août – Cabaret en carton d’Olivier Martin-Salvan et Pierre Guillois ©Fabienne Rappeneau « Oui bon à ce stade, plus personne ne comprend rien… »Le Maigre, Les Gros patinent bien C’est parti pour un tour du monde, avec un voyageur, qui ne bouge pas d’un pouce, mais voit du pays comme personne, grâce à un accessoiriste qui fait défiler derrière lui, dans une course effrénée, les décors et les paysages, simplement nommés au marqueur noir sur des cartons. Un procédé malin, vieux comme le monde, essence même du jeu, qui efface toutes les limites, ouvre grand les possibles.Après Shakespeare, un retour aussi, celui de Pierre Guillois, Olivier Martin-Salvan et leurs compères, heureux à l’idée d’arpenter à nouveau la fameuse scène du Théâtre du Peuple – ils l’aiment tant – dans un voyage aussi burlesque qu’absurde, sur la glace et sous l’eau.Complices depuis quinze ans, Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan rêvaient de faire un duo. Ils l’ont fait, tout de cartons. Clowns sans en être, s’inspirant davantage du slapstick anglo-saxon, ces « Laurel et Hardy bien à la française » ont écrit, pas à pas, l’absurde voyage d’un homme qui ne bouge pas mais qui pourtant traverse l’Europe grâce à son complice, qui, tout maigre qu’il est, fait défiler derrière lui les paysages, personnages et éléments rencontrés…