Culture & Communication. Interview #15 : Coline Loué, responsable de la communication, des réseaux sociaux et des relations presse au théâtre des Îlets – CDN de Montluçon

Par Aurea Marteau-Rhoc

Chaque mois, nous allons à la rencontre des dirigeant·e·s et communicant·e·s du secteur pour partager leurs visions du métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations. Ce mois-ci, Coline Loué, responsable de la communication au théâtre des Îlets – centre dramatique national de Montluçon, a pris le temps de répondre à nos questions. Bonjour Coline, tout d’abord, comment avez-vous commencé votre vie professionnelle dans le spectacle vivant ? Au fil de mes études en histoire de l’art et arts du spectacle, puis deux masters en Conduite de projets touristiques et culturels et Management des activités culturelles et audiovisuelles, j’ai découvert peu à peu les métiers de la communication en lien avec les arts, la création et plus spécifiquement le spectacle vivant. À travers des projets collectifs dans le cadre de ces formations mais aussi du côté de la pratique artistique amateur, j’ai pu peu à peu approcher différentes missions et découvrir que j’avais peut-être une place à trouver dans ces métiers. Et c’est mon stage de fin d’étude à La Comédie – scène nationale de Clermont-Ferrand qui m’a confirmé cette envie de faire lien entre création et public à travers les outils de la communication, et c’est aussi là que j’ai pu démarrer véritablement ma vie professionnelle. Selon vous, quelle est la spécificité du travail de communicant·e dans le spectacle vivant ? C’est justement travailler à créer ce lien, ces passerelles multiples entre les artistes, leurs univers singuliers et le public, lui aussi pluriel et mouvant, par le biais d’outils spécifiques. En tant que communicantes et communicants, et tout particulièrement dans un centre dramatique national, nous sommes à un endroit charnière entre la création qui émerge, des artistes qui inventent, et des spectatrices et spectateurs à qui donner l’envie, le désir, la curiosité et aussi les « clés » pour venir jusqu’à nous et jusqu’au cœur de nos salles. Il s’agit aussi de partager une aventure artistique et humaine avec tous les moyens possibles, mais aussi par le travail transversal et collectif réalisé avec toute une équipe. Pourriez-vous résumer la communication du théâtre des Îlets en 3 mots ? Renouveau : parce que chaque saison l’identité visuelle du théâtre des Îlets est remise en question et réinventée. Carole Thibaut, artiste et directrice, aime que la communication soit aussi un endroit de création à part entière et permette d’imaginer de nouveaux univers et supports pour raconter le lieu et le projet artistique autrement. Rencontre : parce qu’au fil des années, les collaborations et les rencontres avec des illustratrices ou des photographes viennent nourrir les projets conçus avec notre graphiste Thomas Rochon. Surprise : parce que nous essayons toujours de nous amuser avec les nouvelles idées et les nouveaux supports qui sont créés, et de nous surprendre nous aussi, comme le public qui les découvre, pour ne jamais se lasser de ce qui va émerger. Comment sont organisés les différents rôles de communication au sein du théâtre des Îlets ? Je suis seule en charge de la communication, au sein d’un pôle relations publiques / communication constitué d’une secrétaire générale, de 3 chargées des relations publiques et une secrétaire. Je travaille avec deux collaborateurs extérieurs en freelance qui sont Thomas Rochon, graphiste, et Rodolphe Michard, webmaster. Au sein du CDN je gère à la fois toute la coordination du print, je réalise aussi parfois certains supports en interne en complément des éléments réalisés par le graphiste, je gère toute la partie digitale (site internet, réseaux sociaux…) et les relations avec la presse locale. Pour nous accompagner côté presse nationale, nous avons la chance (et le grand plaisir !) de travailler avec la joyeuse fée Delphine Menjaud. Quels sont vos principaux outils com ? Le print reste incontournable sur notre territoire (plaquette de saison, dépliants bimestriels, affiches…), mais le numérique occupe bien sûr également une grand place à travers le déploiement du site, les newsletters, les publications Instagram et Facebook (et TikTok à l’occasion quand on trouve le temps !). Et pour mettre tout ça en œuvre j’utilise des outils assez classiques comme les logiciels de PAO, et depuis peu Canva, qui est assez pratique pour préparer des publications des réseaux sociaux par exemple. Quels sont vos temps forts de communication ? La sortie des supports de la nouvelle saison bien sûr, notamment la plaquette (ou les revues, gazettes semestrielles, selon les saisons…). Les créations de Carole également. Et, dans un autre registre et avec une autre temporalité, la sortie mensuelle de notre camionnette des Îlets qui est à la fois un outil de communication original, une sorte de « mascotte », mais aussi un élément de décor et scénographie pour certaines petites formes théâtrales ! Les rôles du théâtre des Îlets en tant que centre dramatique national sont nombreux (recherche, écriture, création, diffusion, formation…) : communiquez-vous sur tous ou vous concentrez-vous sur certains en particulier ? Communiquez-vous différemment en fonction des thématiques abordées ? Si oui, comment réussir à garantir une ligne éditoriale d’ensemble malgré la diversité de sujets abordés ? Nous essayons de communiquer sur tout au plus grand nombre pour que le public – comme les professionnel·le·s – comprenne justement toute la diversité de nos missions et de nos actions. Par ailleurs, notre programmation et nos créations se déploient en et hors les murs du théâtre et nous attachons une grand importance à ne pas hiérarchiser les projets pour au contraire valoriser aussi bien les spectacles joués « à domicile » aux Îlets, tout autant que ceux qui vont se balader sur le territoire, chez l’habitant·e, mais aussi les créations qui partent en tournée nationale. Ainsi dans la plaquette de saison nous accordons à la programmation itinérante la même importance que les autres créations. Et comme nous sommes un lieu qui défend les écritures contemporaines, les mots ont aussi une place importante sur nos différents supports, jusqu’aux murs du théâtre qui sont remplis de phrases extraites de pièces créées ou jouées aux Îlets. Le Théâtre des Îlets s’associe à différents artistes. Comment travaillez-vous avec eux ? Il y a une belle fidélité à certain·e·s artistes depuis l’arrivée de Carole en janvier…

Culture & Communication. Interview #14 : Romain Paquet, responsable de la communication et des relations presse du Gymnase CDCN

Par Aurea Marteau-Rhoc

Chaque mois, nous allons à la rencontre des dirigeant·e·s et communicant·e·s du secteur pour partager leurs visions du métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations. Ce mois-ci, Romain Paquet, responsable de la communication et des relations presse du Gymnase CDCN à Roubaix (51), a pris le temps de répondre à nos questions.  Bonjour Romain, tout d’abord, comment avez-vous commencé votre vie professionnelle dans le spectacle vivant ? Mon parcours ne m’a d’abord pas prédestiné au milieu de la culture puisque j’ai commencé mes études dans une école de commerce à Lille. Lors de ces trois années, j’ai eu l’occasion de faire des stages. Mon envie de culture a alors émergé et je me suis dirigé vers différentes structures culturelles pendant mes études : Droit de Cité, Compagnie Rêvages, Tourcoing Plage… Par la suite, j’ai débuté un master de patrimoine culturel à Angers. Ce master comportait tout un volet sur l’utilisation des nouvelles technologies. Ça a été l’occasion pour moi d’apprendre à faire de la vidéo, de la photo et à maîtriser des outils numériques qui me sont aujourd’hui encore utiles dans un poste qui nécessite de mettre la main à la patte dans pleins de domaines. Mes expériences professionnelles dans le milieu du spectacle vivant se sont alors enchaînées, d’abord dans un carnaval à Lille, à la Comédie de Béthune et aujourd’hui au Gymnase, Centre de développement chorégraphique national. Ma spécialisation dans la fonction communication a été progressive jusqu’à devenir aujourd’hui responsable de communication. Selon vous, quelle est la spécificité du travail de communicant dans le spectacle vivant ? A mon sens, dans les différents lieux où j’ai travaillé, il a été primordial de travailler sur l’identité des structures et non uniquement sur la vente de spectacles en particulier. Il s’agit d’abord de faire un vrai travail de notoriété afin de faire connaître un lieu. Il est nécessaire de faire transparaître ses valeurs, oserai-je dire, son âme, à travers des actions de communication. C’est seulement ainsi que l’on peut toucher un plus vaste public et désamorcer tout ce qui pourrait entraver sa venue en salle. Pourriez-vous résumer la communication du Gymnase CDCN en 3 mots ? Pour commencer, la notion de simplicité me paraît primordiale. Si ce n’est pas toujours ce que l’on peut atteindre, on doit au moins tendre vers elle. Au Gymnase, nous réfléchissons beaucoup aux mots employés pour renvoyer à un imaginaire connu, identifié et accessible. Ainsi, nous aurons tendance à parler de « danse » plutôt que de « chorégraphie » ou de « mouvement ». Nous voulons aller droit au but et surtout, droit au public.  Par ailleurs, nous visons l’efficacité. Celle-ci va de pair avec cette idée de simplicité. Nous voulons créer des repères facilement identifiables pour le public. Cela peut passer par le choix des noms de nos festivals où par nos logos, avec une tête de lion qui agit comme un totem.  L’efficacité, c’est la volonté de sortir du lot, de se distinguer d’autres instances culturelles. Pour ce faire, nous avons recours à des visuels impactants, avec de nombreux effets de matières et de brillance. On trouve de nombreuses aspérités visuelles dans nos documents de communication. Enfin, l’humain est prédominant. Nous avons pour volonté d’humaniser notre communication en l’incarnant au travers de présentations d’artistes en résidence. Il s’agit de mettre en place un véritable storytelling pour mieux présenter l’identité du Gymnase. Comment sont organisés les différents rôles de communication au sein du Gymnase CDCN ?  Le Gymnase est une structure composée de huit membres permanents. Parmi eux, je travaille en étroite collaboration avec une personne s’occupant à mi-temps de la communication et à mi-temps de la billetterie. Je m’entretiens également beaucoup avec la secrétaire générale ainsi qu’avec le directeur et la directrice générale. Ils m’apportent tous regard plus global sur la structure et aiguillent ainsi mon travail. En plus de cela, selon les projets, je travaille également main dans la main avec  l’équipe de médiation et relations publiques (3 personnes) voir même avec d’autres services (production et technique), toujours dans l’idée de concevoir des projets dans leur totalité. Enfin, le Gymnase a également recours à des prestataires extérieurs. C’est avec eux que je collabore pour établir les chartes graphiques de nos festivals comme Mathilde Delattre, notre graphiste depuis de nombreuses années. En plus de son rôle de “prestataire”, elle a aussi un rôle de conseil. Pouvez-vous nous parler de votre mission en particulier ? Au sein du Gymnase, je décrirais mon poste comme celui d’un facilitateur. Une bonne idée naît souvent d’un temps d’échange collectif. Il faut alors mettre cette idée en œuvre, la concrétiser en l’incarnant dans des visuels, dans des éléments de langage ou dans des vidéos. Il s’agit du volet opérationnel de mon métier.  Par ailleurs, mon poste revêt également un aspect stratégique. Je dois traduire diverses idées dans un seul et même fil rouge : la stratégie de communication autour de laquelle viennent s’articuler nos actions, qu’elles soient digitales, print ou publicitaire. En bref, je dois autant penser à court terme qu’à long terme, en produisant régulièrement des contenus tout en entretenant une vision durable. Quels sont vos principaux outils comm ? J’ai recours à des outils somme toute assez classiques. Je réalise notamment de nombreux tableaux sur Excel. Il s’agit là d’une excellente manière de gérer l’organisation des actions de communication. J’ai essayé d’autres outils comme Trello mais rien n’est aussi efficace qu’Excel à mes yeux. J’y recense mes contacts presse, les dates de mes relances ou des événements à venir.  J’utilise la suite Adobe (InDesign, Photoshop, Premiere) afin de réaliser la partie la plus concrète de mon plan de communication, à savoir, les éléments visuels et graphiques.  Enfin, je me sers de la suite Meta afin de publier nos publications sur les différents réseaux sociaux du Gymnase. Quels sont vos temps forts de communication ? Nos deux festivals constituent les principaux temps forts de notre communication. Le premier, Forever Young, est destiné aux jeunes publics. En 2023, il se déroule du 16 novembre au 9 décembre.  Le second, Le Grand Bain, a pour vocation de déployer un large panorama…