Pendant l’été, après une période pour le moins complexe, Overjoyed a recueilli les témoignages de tout jeunes artistes du réseau des membres du collectif partout en France. Comment se remettent-ils en action, en mouvement, après des mois de pause forcée ? Comment garder le cap en début de carrière quand l’horizon reste incertain ? Troisième épisode avec Élodie Allary, danseuse.

« Alors que j’avais l’habitude de voyager tout le temps, le confinement a marqué un retour prolongé à la maison. Drôle d’effet. Je décide de garder un rythme d’exercices quotidiens en m’entraînant en ligne : la barre classique, un travail plus profond avec des compagnies du monde entier, hollandaises, anglaises, américaines, françaises. Des approche différentes, qui me mettent à l’écoute de mon corps. Mais, enfermée entre quatre murs, sans balcon ni jardin, mes mouvements se rétrécissent de plus en plus, jusqu’à devenir des gestes « à demi dansés », mon corps se met en quelque sorte en hibernation, attendant le jour du réveil.

Lors du déconfinement, l’avenir étant incertain, je me forme à la photographie et à la vidéo et je réalise mon premier montage l’Étreinte de mes pointes, sur tous ces gestes, précis, techniques, presque rituels, qui unissent une danseuse à ses chaussons.

Au même moment, la compagnie Révolution, à Bordeaux, m’appelle pour une audition avec une éventuelle résidence de création pour cet été : Uppercut (Anthony Egea).

Je prends part à ce projet avec un physique « limité », tout en étant libérée des contraintes spatiales. Je peux enfin laisser ma danse s’exprimer et respirer. C’est dans cette contradiction que la création commence, avec de vrais défis car j’aborde un langage chorégraphique nouveau pour moi : le hip-hop et le break ! Des semaines de courbatures ! Aujourd’hui, ces expériences changent mon approche du mouvement, nourrissent ma créativité, m’alimentent en idées. Me voici de nouveau sur la route, la magie de la scène opère toujours et l’avenir est une page vierge sur laquelle tout ce à quoi je n’avais pas encore pensé reste à écrire ! »

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Photos : Laurent Duy, Emma Derrier