L’été de tous les projets – épisode #3 : Élodie Allary, danseuse

Par Coralie Berquer

Pendant l’été, après une période pour le moins complexe, Overjoyed a recueilli les témoignages de tout jeunes artistes du réseau des membres du collectif partout en France. Comment se remettent-ils en action, en mouvement, après des mois de pause forcée ? Comment garder le cap en début de carrière quand l’horizon reste incertain ? Troisième épisode avec Élodie Allary, danseuse. « Alors que j’avais l’habitude de voyager tout le temps, le confinement a marqué un retour prolongé à la maison. Drôle d’effet. Je décide de garder un rythme d’exercices quotidiens en m’entraînant en ligne : la barre classique, un travail plus profond avec des compagnies du monde entier, hollandaises, anglaises, américaines, françaises. Des approche différentes, qui me mettent à l’écoute de mon corps. Mais, enfermée entre quatre murs, sans balcon ni jardin, mes mouvements se rétrécissent de plus en plus, jusqu’à devenir des gestes « à demi dansés », mon corps se met en quelque sorte en hibernation, attendant le jour du réveil. Lors du déconfinement, l’avenir étant incertain, je me forme à la photographie et à la vidéo et je réalise mon premier montage l’Étreinte de mes pointes, sur tous ces gestes, précis, techniques, presque rituels, qui unissent une danseuse à ses chaussons. Au même moment, la compagnie Révolution, à Bordeaux, m’appelle pour une audition avec une éventuelle résidence de création pour cet été : Uppercut (Anthony Egea). Je prends part à ce projet avec un physique « limité », tout en étant libérée des contraintes spatiales. Je peux enfin laisser ma danse s’exprimer et respirer. C’est dans cette contradiction que la création commence, avec de vrais défis car j’aborde un langage chorégraphique nouveau pour moi : le hip-hop et le break ! Des semaines de courbatures ! Aujourd’hui, ces expériences changent mon approche du mouvement, nourrissent ma créativité, m’alimentent en idées. Me voici de nouveau sur la route, la magie de la scène opère toujours et l’avenir est une page vierge sur laquelle tout ce à quoi je n’avais pas encore pensé reste à écrire ! » Pour suivre Élodie sur InstagramPhotos : Laurent Duy, Emma Derrier

L’été de tous les projets – épisode #2 : Mélissa Charles, comédienne

Par Coralie Berquer

Pendant l’été, après une période pour le moins complexe, Overjoyed vous propose de découvrir de jeunes artistes du réseau des membres du collectif. Comment se remettent-ils en action, en mouvement, après des mois de pause imposée ? Comment garder le cap quand l’horizon reste incertain ? Deuxième épisode avec Mélissa Charles, comédienne (Compagnie Katrinesk). Overjoyed souhaite valoriser les talents émergents qui font bouger la scène d’aujourd’hui et de demain. « Avant le confinement, nous étions en pleine reprise de notre pièce-collage des œuvres de Jean Genet. Trois représentations avaient déjà eu lieu et nous avions fait d’importantes modifications. La dynamique était alors très forte : les mêmes personnages, un cadre différent, un nouveau texte et beaucoup de passages se prêtant à la danse et au cirque ont été ajoutés. Il ne nous restait qu’à « plancher ». Puis est arrivée l’annonce du confinement le 17 mars dernier. Les quelques mois qui ont suivi ont été l’occasion d’établir une relation très privilégiée et exclusive avec mon personnage (Persephess – Claire et Solange Les Bonnes). L’idée était de se concentrer un maximum sur le travail du corps. Travailler avec plus de profondeur et de minutie le « corpo » du personnage (gestuelle, tenue), la voix (timbre, intonations, chant) et améliorer les capacités physiques (cardio, danse, musculation) en étroite collaboration avec la mise en scène (Lyse Breton) via des échanges vidéo enregistrés ou en direct. À la sortie du confinement, le personnage est prêt, gonflé à bloc. L’envie de jouer (donc avec les autres) est forte, intenable. Mais les gestes-barrières font que nous ne pouvons nous retrouver physiquement. Alors, nous utilisons d’autres moyens : enregistrements sonores, répétitions vidéos, appels… Cette manière de travailler le texte est inspirante et permet de trouver de nouveaux axes, de nouvelles pistes de jeu. Mais elle a aussi une durée limitée car elle permet rarement d’atteindre un certain jeu, celui qui pour moi est sensitif, animal, instinctif. Quand ce n’est plus seulement un texte qui sort d’une bouche. Quand ce sont des mots qui vibrent, car soufflés par deux corps qui échangent, communient. Quand ils prennent vie par un silence, par un frisson, par un regard, par une main sur l’épaule… Difficilement faisable par un appel skype ! Alors, en attendant de lâcher le fauve, je reste prête, dans les starting blocks et j’affûte l’âme et rasoirs, comme tout bon Katrinesk qui se respecte. » Pour suivre Mélissa sur InstagramPhotos : Quentin Dufournet

L’été de tous les projets – épisode #1 : Olga Dukhovnaya, danseuse

Par Coralie Berquer

Pendant l’été, après une période pour le moins complexe, Overjoyed vous propose de découvrir de jeunes artistes du réseau des membres du collectif. Comment se remettent-ils en action, en mouvement, après des mois de pause imposée ? Comment garder le cap quand l’horizon reste incertain ? Premier épisode avec Olga Dukhovnaya, danseuse pour Boris Charmatz, Maud Le Pladec, récompensée pour Korowod au concours Danse Élargie du Musée de la Danse et du Théâtre de la Ville. Overjoyed souhaite valoriser les talents émergents qui font bouger la scène d’aujourd’hui et de demain. « Pour moi, le confinement a été spécial car il a suivi presque tout de suite mon congé maternité. J’ai repris le travail après la naissance de mon deuxième fils en janvier et, un mois et demi plus tard, on était confiné et tous les spectacles annulés. Je me suis retrouvée à la maison avec mes deux enfants. Les deux premières semaines, je me suis sentie frustrée de toutes ces annulations : Opéra de Lille, Paris, Helsinki… la tristesse absolue. Mais après, je me suis dit qu’il y avait toujours une solution. Je devais enseigner à l’université Rennes 2 et j’ai décidé, au lieu d’annuler, d’oser faire une version online. Et finalement, ça a hyper bien marché ! J’ai trouvé un format qui m’a permis de travailler même plus profondément avec chaque élève car j’ai regardé leurs “devoirs” vidéos et donné des feedbacks très personnels. Au total, j’ai donné 4 workshops online, ce qui m’a permis de continuer la recherche pour ma prochaine création, de me stimuler, de rester active et en forme – sans compter l’aspect financier, mes revenus ont été moins fragilisés grâce à ces propositions – donc je peux dire que j’ai passé un confinement positif en tant que danseuse, pédagogue et chorégraphe. J’ai réalisé que je peux travailler même à la maison. Que j’ai envie de faire plus de choses pour moi que pour les autres. Que j’ai besoin de me laisser le temps pour ça. Que j’aimerais bien enseigner plus, pour notamment voyager moins. Que j’ai envie de passer plus de temps avec mes enfants. Et que je n’ai plus envie d’accepter des projets juste par peur de ne pas avoir suffisamment de travail. À l’avenir je vais réfléchir sur tout cela. Cela dit, actuellement, je suis au CNDC Angers, c’est notre deuxième jour de travail “live”… et c’est tout de même très agréable ! » Pour suivre Olga sur Instagram