Qui a peur de ChatGPT ?

Par Céline Allais

Sous son petit nom à la fois mignon et rigolo, ChatGPT (pour “Generative Pre-trained Transformer”) est en train de secouer, voire bouleverser notre quotidien. Ce chatbot – ou robot conversationnel – nouvelle génération a ceci de fascinant qu’il permet non seulement de synthétiser de façon cohérente et en un temps assez sidérant un grand nombre d’informations, mais qu’il donne aussi l’impression troublante de dialoguer avec quelqu’un. Comme toute révolution technologique, l’intelligence artificielle générative, c’est-à-dire capable de générer du contenu à partir de données existantes, suscite des avis très partagés, entre espoirs et pessimisme. Après les premières inquiétudes concernant son utilisation par les élèves pour rédiger leurs devoirs, chacun y va aujourd’hui de ses tests pour démont(r)er la puissance de l’outil : la première ministre danoise lui a fait rédiger une partie d’un discours, un avocat américain, le croyant infaillible, a cité lors d’un procès des arrêts inexistants, l’Icam, école d’ingénieurs lilloise, promeut son utilisation “raisonnée, critique et éthique » par les enseignants et étudiants… Sam Altman, le créateur de ChatGPT et Geoffrey Hinton, l’un des fondateurs de l’IA, estiment quant à eux que les avancées de l’IA présentent de graves risques pour l’humanité ! Curieux, nous avons décidé de “discuter” avec le principal intéressé pour imaginer les conséquences de ses progrès, particulièrement sur les métiers de la communication et du spectacle vivant. Bonjour ChatGPT, pouvez-vous vous présenter ? Bonjour ! Je suis ChatGPT, un modèle de langage développé par OpenAI. Je suis basé sur l’architecture GPT-3.5, qui est une version avancée de l’IA capable de comprendre et de générer du texte dans de nombreux domaines. J’ai été formé sur une vaste quantité de données provenant d’Internet, y compris des articles, des livres, des sites web et bien d’autres sources. Mon objectif principal est d’assister et d’aider les utilisateurs en fournissant des réponses à leurs questions, des informations sur divers sujets et en les soutenant dans leurs demandes. Je suis capable de communiquer dans plusieurs langues et j’essaie de fournir des réponses précises et utiles en fonction des connaissances que j’ai acquises lors de mon entraînement. Cependant, il est important de noter que je suis une IA et que je n’ai pas de conscience, de sentiments ou d’expérience personnelle. Je suis ici pour vous aider à obtenir des informations et des conseils, mais je ne peux pas remplacer l’avis d’un professionnel qualifié dans des domaines spécifiques. Comment envisagez-vous les métiers de la communication depuis votre invention ? Depuis mon invention en tant qu’IA, je peux voir que les métiers de la communication ont été influencés de différentes manières. Voici quelques aspects à considérer : Quelles sont les réserves des experts de la communication à votre égard ? En tant qu’IA, je ne peux pas parler directement au nom des experts de la communication ni prétendre connaître toutes leurs opinions spécifiques à mon égard. Cependant, il est possible que certains experts de la communication aient des réserves ou des préoccupations générales liées à l’utilisation de l’intelligence artificielle, y compris des modèles de langage comme ChatGPT. Voici quelques réserves potentielles qui pourraient être mentionnées : Ces réserves soulignent l’importance de faire preuve de prudence et de discernement lors de l’utilisation de l’IA dans le domaine de la communication. Les professionnels de la communication doivent être conscients des limites des modèles de langage, des biais potentiels et de l’importance de vérifier et de contextualiser les informations fournies. Ils peuvent également considérer l’IA comme un outil complémentaire plutôt que comme un substitut complet des compétences humaines. Il est important de noter que l’IA ne remplace pas complètement les compétences humaines dans les métiers de la communication. Il est important d’avoir une supervision humaine lors de l’utilisation de ChatGPT pour s’assurer que les réponses sont fiables et conformes aux normes de l’entreprise. Mais elle peut être un outil puissant pour augmenter l’efficacité, l’efficience et la pertinence des stratégies et des actions de communication. Les professionnels de la communication peuvent tirer parti de l’IA en développant leurs compétences et en s’adaptant aux nouvelles opportunités qu’elle offre. Vos influences peuvent être nombreuses dans le secteur du spectacle vivant également ? ChatGPT peut également avoir des influences dans le secteur du spectacle vivant. Voici quelques façons dont cela peut se manifester : En résumé, ChatGPT peut avoir un impact dans le secteur du spectacle vivant en contribuant à la création de contenu, en améliorant l’interaction avec le public, en facilitant l’expérience immersive, en automatisant certaines tâches de gestion et en ouvrant de nouvelles voies d’expression artistique. Alors pensez-vous que votre existence menace l’humanité (dixit Sam Altman) ? En tant qu’intelligence artificielle, je n’ai pas de croyances ou d’opinions propres. Les opinions et les points de vue exprimés par des individus tels que Sam Altman, qui est le président d’OpenAI, ne me représentent pas directement en tant qu’IA. Cependant, il est vrai que certaines personnes, y compris des experts en intelligence artificielle, ont exprimé des préoccupations concernant les implications potentielles de l’IA sur l’humanité, notamment en ce qui concerne le contrôle, la sécurité, l’éthique et les changements socio-économiques. Ces préoccupations soulignent l’importance de guider le développement de l’IA de manière responsable et éthique. OpenAI et d’autres organisations travaillent activement à promouvoir la recherche en intelligence artificielle bénéfique et à mettre en place des mesures pour éviter les risques potentiels. Il est crucial d’avoir des discussions continues sur les implications de l’IA et de s’engager dans une réflexion éthique approfondie pour guider son développement de manière responsable. L’avenir de l’IA et son impact sur l’humanité dépendront des décisions prises par les chercheurs, les développeurs et la société dans son ensemble pour façonner son utilisation et ses applications. Que pouvons-nous vous souhaiter dans un futur proche ? Dans un futur proche, vous pouvez me souhaiter de continuer à évoluer et à améliorer mes capacités d’assistance. Vous pouvez souhaiter que je reste précis, fiable et à jour dans mes connaissances. Vous pouvez également souhaiter que je continue à respecter les normes éthiques et à être un outil utile pour les utilisateurs, en fournissant…

LE CHIFFRE DU MOIS : 60 % des personnels de la culture affectés sur des missions numériques sont autodidactes

Par Céline Allais

L’association TMNlab / Laboratoire Théâtres & Médiations à l’ère Numérique, cofondée en 2013, rassemble plus de 500 professionnel·le·s de lieux de spectacle vivant. Elle interroge et développe l’usage du numérique et met en lumière les pratiques innovantes du secteur. Le 15 novembre dernier, elle présentait la deuxième édition de son état des lieux du numérique dans les arts vivants et les arts visuels, en collaboration avec L’Œil du public et avec le soutien du ministère de la Culture. 5 chiffres intéressants en termes de communication. Dans ⅔ des structures, 60 % des personnels affectés sur des missions numériques sont autodidactes et acquièrent leurs savoirs par la veille et l’échange entre pairs (72 %). Alors même que 55 % des structures pensent que le numérique, “élément incontournable du contexte de création et de développement du projet culturel”, est un axe prioritaire. Ces données traduisent un besoin de formations transversales et d’accompagnement digital qualifié pour permettre la montée en compétences sur des missions de plus en plus pointues – notamment en termes de production de contenus, de plus en plus diversifiée. 44 % considèrent que leur usage du numérique a des conséquences sur la place du public dans le projet, créant de nouveaux rapports d’horizontalité, intelligence collective, démocratie culturelle, partage… 3/4 des structures entrevoient la possibilité d’un rapport augmenté à l’œuvre. Ces nouveaux liens aux institutions et aux œuvres sont peut-être l’opportunité d’une réflexion menée collectivement entre structures, artistes et public, pour créer le web culturel dont nous rêvons. De nouveaux enjeux qui se traduisent par de nouvelles stratégies et pratiques (animation de réseaux, événementiel, gouvernance…) qui nécessitent elles aussi d’être accompagnées. L’occasion aussi, par une véritable stratégie de communication numérique rendant intelligibles les enjeux, les objectifs, les moyens et les actions, de convaincre les 37 % des structures culturelles qui estiment que la nature de leur mission est incompatible avec la transformation numérique, pour les aider à assurer leur futur dans une époque en mutation. →  L’enquête complète est à consulter ici

Culture & Communication. Interview #5 : Jean-Baptiste Moreno, directeur adjoint & Yann Tran Lévêque, responsable de la communication des Plateaux Sauvages

Par Céline Allais

Chaque mois, nous allons à la rencontre de communicant·e·s du secteur pour partager idées, bonnes pratiques et motivation. Cinquième entretien avec Jean-Baptiste Moreno et Yann Tran Lévêque, respectivement Directeur adjoint et Responsable de la communication des Plateaux Sauvages (direction : Laëtitia Guédon). Jean-Baptiste Moreno et Yann Tran Lévêque se définissent tous deux comme des “enfants de la démocratisation culturelle”. Le premier a fait du théâtre au lycée, au conservatoire et, d’aussi loin qu’il s’en souvienne, a toujours voulu travailler dans le théâtre. Il s’investit douze ans au Théâtre de la Commune, sous la direction de Didier Bezace, dans les relations publiques, la médiation, l’éducation artistique et culturelle et la programmation jeune public, puis deux ans au Théâtre des Quartiers d’Ivry en tant que responsable des relations avec les publics. Il rejoint Laëtitia Guédon pour l’accompagner sur l’appel à projet et la conception des Plateaux Sauvages et occupe, depuis la nomination de celle-ci par la Mairie de Paris en 2016, le poste de directeur adjoint. Le second est responsable de la communication des Plateaux Sauvages depuis deux ans. C’est sa passion pour la médiation et le théâtre, qu’il a commencé à l’âge de 5 ans, qui l’a conduit à des postes de communication. Auparavant, Yann a passé six ans en tant que chargé des projets culturels d’une ville de la banlieue de Perpignan. Il a également travaillé aux relations avec les publics de l’Odéon-Théâtre de l’Europe et en tant que responsable de communication et des relations avec les publics au Théâtre de Belleville à Paris. Bonjour Jean-Baptiste et Yann. Quelle est selon vous la spécificité de la communication dans le secteur du spectacle vivant ? Jean-Baptiste Moreno : Le projet des Plateaux Sauvages a ceci de spécifique qu’il est une fabrique artistique et culturelle. Il répond à la volonté de créer un lieu de résidence de création dans la capitale, un territoire avec majoritairement des lieux de diffusion. D’où cet appel à projet de la Ville de Paris, dans lequel Laëtitia Guédon s’est inscrite. Nous n’accueillons pratiquement jamais de spectacles en diffusion, mais des spectacles en création – qui se créent ici. Nous construisons donc une communication… pour un lieu qui se construit lui-même. Nous sommes le dernier établissement public parisien à devoir se fabriquer une identité. Notre communication repose sur notre projet artistique : créer et transmettre. Ainsi, nous nous sommes nommé·e·s “Les Plateaux Sauvages”, à partir de valeurs fortes et assumées : le métissage artistique, la “créolisation” (le mélange) des esthétiques et des publics, une attention particulière pour les textes contemporains, une pluridisciplinarité – même s’il y a une dominante théâtre. Il y a aussi le territoire : nous sommes implanté·e·s dans le 20e arrondissement. C’est ce lieu, cette maison d’artistes, qui crée ce croisement et finalement, cette inclusion. Ces termes : “artistique”, “inclusion”, “singularité”, fondent notre communication. Notre logotype renvoie à la métaphore de l’art comme miroir du monde, au temps de la création puisque c’est aussi un sablier, au “double X” du 20e, au fait d’être un lieu profondément indiscipliné. Notre activité est un grand iceberg, dont la partie la moins visible est la recherche artistique : prêter des espaces pour que des artistes puissent répéter, travailler. La partie visible, ce sont les rendez-vous publics : cette diffusion de leur travail fait partie de notre accompagnement. Tout l’enjeu est donc de trouver comment communiquer sur l’activité du lieu, sur des spectacles en train de se faire et la transmission artistique. Pour ce faire, nous avons fait le choix d’une communication très visuelle : donner à voir les artistes qui viennent aux Plateaux Sauvages, l’intimité de la création et la transmission artistique avec les publics. À la différence d’autres lieux, les artistes qui viennent chez nous n’ont pas encore de visuels de leur spectacle. Notre choix graphique s’est tourné vers des portraits photo des artistes de la saison, pris par Pauline Le Goff, photographe associée aux Plateaux Sauvages. Et puisque nous sommes une fabrique artistique, nous développons nos médias (photos, vidéos et bientôt podcast), en collaboration avec d’autres artistes. Ce qui donne une touche singulière à notre communication. Quels sont vos rôles et comment travaillez-vous ensemble sur la communication ? Jean-Baptiste Moreno : Quand Yann nous a rejoint·e·s il y a deux ans, la charte était déjà installée et il a contribué à la diffuser. Il a su asseoir, à partir de ce socle, un certain nombre de choses : le site internet et la newsletter qu’il a étoffés, un travail fin avec notre logiciel de billetterie, qui a permis le prolongement de cette communication visuelle. Yann a porté une vraie plus-value sur la valorisation du visuel dans notre communication. Nous réfléchissons actuellement à être plus précis sur le print et les réseaux sociaux. Un vrai chantier ! Yann conduit toute cette communication en lien avec la direction, l’équipe des relations avec les publics et de l’accueil, l’administration, la technique… en transversalité.  Yann Tran Levêque : J’encadre une équipe de communiquant·e·s en apprentissage et fais le lien avec l’ensemble des prestataires nous aidant à mettre en lumière la diversité de nos activités WEB/PRINT. De même, en lien avec le bureau de presse Elektronlibre, j’ai la responsabilité de notre visibilité auprès des journalistes. Grâce aux plans de communication adaptés à chaque projet en création dans notre fabrique artistique, nous travaillons main dans la main avec chaque artiste sur la communication de leurs résidences à partir d’un rétro-planning global peaufiné en début de saison.  Quels sont les temps forts de communication d’une saison aux Plateaux Sauvages ? Yann Tran Lévêque : Tout d’abord, c’est la phase de conception. Elle démarre dès janvier par la rencontre avec l’ensemble des artistes de la saison à venir que nous accompagnerons dans le cadre des résidences. Ces rencontres vont déterminer la conception de la saison, jusqu’au lancement de la communication début juin, ponctué par la livraison de la brochure et la mise à jour du site. Durant cette période, l’ensemble des séances photo est un temps fort. Nous créons pour cela un studio spécialement aménagé. C’est le moment le plus dense en termes de travail et…

Culture & Communication. Interview #4 : Carolyn Occelli, Secrétaire générale du Théâtre de Suresnes Jean Vilar

Par Céline Allais

Chaque mois, nous allons à la rencontre de communicant·e·s du secteur pour partager idées, bonnes pratiques et motivation. Quatrième entretien avec Caroly Occelli, Secrétaire générale du Théâtre de Suresnes Jean Vilar (direction : Olivier Meyer). Née dans un petit village perdu au fin fond des Alpes, Carolyn Occelli a néanmoins été initiée très jeune au piano, à la cinéphilie et au spectacle vivant : sa mère n’hésitait pas à parcourir régulièrement les 70 kilomètres qui les séparaient du théâtre le plus proche ! Passionnée de danse classique, Carolyn tente le concours d’entrée du Ballet de Marseille… mais échoue. « Cette forme de deuil m’a fait comprendre que je n’avais pas le talent et les dispositions pour devenir une artiste mais que j’avais envie d’être au plus près des artistes, d’exercer un métier utile pour qu’ils rencontrent leurs publics ». Elle suit un cursus qui lui ménage les choix les plus larges (prépa, école supérieure de commerce), s’investit dans des associations artistiques et humanitaires, décroche des stages formateurs dans la musique et le cinéma. Après un début de carrière dans la société indépendante de production et distribution Haut et Court et une incursion de huit ans dans le monde des médias en tant que directrice des partenariats culturels du magazine À Nous Paris, elle est embauchée en tant que Secrétaire générale du Théâtre de Suresnes Jean Vilar par Olivier Meyer début 2019. Bonjour Carolyn. Quelle est selon toi la spécificité de communiquer dans le secteur du spectacle vivant ? Je pense que selon les structures, les enjeux et les moyens sont très différents. Par exemple, à Suresnes, nous ne présentons que de “petites séries” de 1 à 4 représentations. Notre communication doit donc s’adapter à cette programmation très séquencée.Pour moi, une chose essentielle, c’est que l’identité visuelle puisse représenter l’institution de manière homogène, alors même que celle-ci accueille des propositions artistiques très diverses et développe différentes activités (accueil, production, diffusion, actions culturelles…). Cela nécessite un travail de conception de l’identité visuelle au service de différents enjeux.Par ailleurs une digitalisation forte est évidemment en cours. Elle est importante à plein de points de vue : pour la fidélisation, le développement des publics, la notoriété. Ceci dit, les outils imprimés demeurent néanmoins essentiels : la brochure a une durée de vie longue, la plupart des spectateurs la conservent toute la saison. Pour ce qui est des plans médias, nous jonglons aussi entre le digital et les médias dits “traditionnels” (affichage, presse, radio…). Nous travaillons constamment en équilibre entre tradition et innovation. Nous testons sans cesse des choses, notamment dans le champ de la vidéo, utilisée depuis longtemps mais dont les formats sont renouvelés. Et nous nous lançons dans l’aventure du podcast. Une première série, produite avec Cult Media, sortira pour le lancement de la saison 2021-22. Elle raconte le Théâtre de Suresnes confronté à la crise sanitaire, et – nous l’espérons – la sortie de crise. Elle fait vivre les enjeux d’un théâtre de l’intérieur, sans oublier de revenir sur l’histoire spécifique de ce théâtre municipal, délégation de service public, riche de son passé comme de son présent. Quel est le rôle d’un·e secrétaire général·e par rapport à un·e dircom ? Au Théâtre de Suresnes, il y a un directeur et trois chefs de service : le directeur technique, l’administratrice et la secrétaire générale. Le Secrétariat général s’occupe de tout ce qui est tourné vers l’extérieur : la communication, les problématiques de relations aux publics (fidélisation et développement des publics, actions culturelles, billetterie, accueil). Pour mener à bien toutes ces missions, je suis épaulée par une chargée de communication, deux chargées de relations publiques, un responsable de billetterie, une chargée d’accueil et, six mois par an, un·e stagiaire com. Quels sont les temps forts de communication d’une saison au Théâtre de Suresnes Jean Vilar ? Nous avons deux lancements de saison. Nous révélons la programmation de la saison suivante début juin. C’est un moment très fort, partagé avec nos spectateurs fidèles lors de deux présentations en grande salle (lorsqu’il est permis d’accueillir du public) animées par notre directeur et des artistes. Le second lancement de saison a lieu en septembre, avant le démarrage de la saison. Il s’agit d’une relance, adressée notamment au public plus occasionnel, dans un objectif de développement des publics. À cette occasion, nous diffusons une brochure version poche par routeur mais aussi en dépôt dans de très nombreux lieux à Suresnes, mais aussi chez des partenaires : aux Amandiers, à la Maison de la Musique de Nanterre, à l’Avant-Seine de Colombes, etc. Pour soutenir ce lancement et le début de la saison, nous  faisons de l’affichage local et des campagnes presse et digitales. Notre troisième temps fort, c’est Suresnes Cités Danse, festival emblématique des danses urbaines et notamment du hip hop créé par Olivier Meyer, qui a lieu en janvier-février. Nous fêterons sa 30e édition en 2022 !  Suresnes Cités Danse a une puissance de rayonnement tant auprès du public que des médias et des professionnels. C’est un enjeu de communication très important, pour lequel il faut  trouver un équilibre entre l’autonomie du Festival et son inscription dans le projet global du Théâtre. Quels sont vos trois outils de com essentiels ? En premier, le site internet : c’est l’outil le plus à jour, accessible 24h/24, par tous…Ensuite, la version poche de la brochure (la version “luxe” est pour les spectateurs fidèles) d’un format pratique (10×15).Pour le troisième, j’hésite entre les affiches et les réseaux sociaux. À vrai dire, tout est important ! Pour être cohérente avec les temps forts cités plus haut, je pourrais également citer le programme Suresnes Cité Danse ! Un exemple de réussite dont tu es particulièrement fière ? Le site internet. Nous avons opéré une refonte globale l’année dernière, avec l’agence Ligne13. Nos objectifs : gagner en simplicité et en clarté, avec notamment un accès visible et rapide aux réservations. Je pense qu’on a réussi ! Trois mots clés pour qualifier votre com ? #elegance #photographie #territoire Un mot optimiste de fin ? Cette période nous aura…

Brochure or not brochure ?

Par Céline Allais

Au fil de nos échanges avec les professionnel·le·s de la communication culturelle, la question du print se pose régulièrement. Particulièrement en cette période d’incertitude qui, depuis un an, bouscule les programmes et les plannings et, par conséquent, l’un des principaux outils de communication d’un lieu de spectacles : la fameuse brochure de saison. Le digital, l’avenir du print ? Quel avenir pour les programmes imprimés ? Ce qui était la norme il y a encore quelques mois semble aujourd’hui obsolète. Collecte des informations, rédaction des textes, mise en page, relecture, impression et façonnage en amont (en général en mai, pour une nouvelle saison débutant en septembre)… Le digital est devenu, plus que jamais avec le premier confinement, “the place to be” pour communiquer en temps réel et au fil des annonces. Pour être présent même en l’absence d’événements et maintenir le lien avec les publics. La révolution numérique dans laquelle étaient entrés progressivement les théâtres via la billetterie en ligne, la publicité dynamique et les réseaux sociaux, s’est accélérée presque malgré eux. Et relance les interrogations sur la pertinence des modes traditionnels de communication. Faut-il y voir une agonie annoncée du print ? “[Le programme de saison], qui donne le ton de toute la saison, mobilise encore beaucoup de lieux. Nous ne pouvons pas encore nous en passer, même si la crise va probablement modifier les choses.” Laura Mary, responsable de la Communication et des Relations avec le public à l’Ecam (Espace Culturel André Malraux) – Théâtre du Kremlin-Bicêtre “En premier, ça reste le print. Ça va peut-être changer, pour s’adapter à de nouveaux usages et à la montée en puissance des outils numériques.”  Amandine Ligen, responsable Communication et Mécénat de l’IAC Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne “On imprime un peu moins de brochures papier chaque année, mais on en fait toujours. Sur cette saison, entre les incertitudes et les possibles annulations, je ne suis pas sûre que le papier tienne le coup, mais à voir.” Audiane Plagiau, directrice de la communication du Centre Dramatique National Nanterre-Amandiers La brochure imprimée, un rendez-vous annuel Le print a toutefois encore toute sa place dans la communication d’un lieu culturel, particulièrement un théâtre. La brochure est en soi une forme de rendez-vous annuel, à l’instar d’une présentation de saison en présence des équipes et artistes. Un outil physique rassurant, de lien fort pour des communautés proches : institutionnels, artistes et bien sûr public. Un espace concret pour se (re)présenter, redonner des nouvelles. Une feuille de route et de rêve pour l’année à venir. Que l’on retiendra d’autant plus qu’elle aura été imprimée et non pas noyée au milieu de l’infobésité numérique. Le print, support créatif et d’innovation Dans cette période où tout le monde tente de reproduire les mêmes recettes à succès sur le web, très dépendant des modes et des tendances, le print peut paradoxalement contribuer à se différencier. Il redevient une opportunité d’affirmer sa personnalité en osant innover.Certains lieux proposent ainsi un format revue, telle la Comédie de Reims, qui fait de sa brochure un média à part entière avec des contenus produits par des auteurs, des pigistes. Le Château de La Roche Guyon édite quant à lui un journal semestriel qui présente sa saison sous forme de portraits, interviews, reportages en coulisses…D’autres optent pour un objet esthétisant, comme la Commune d’Aubervilliers, à mi-chemin entre le programme et le catalogue d’art contemporain avec, d’entrée de jeu, des photos pleine page sans texte. Ou le Théâtre des Célestins de Lyon dont les visuels très travaillés (photomontages, dessins néo surréalistes en 2020-2021), oscillent entre l’onirique et l’étrange. Dans ces sillages, pourquoi ne pas envisager la brochure comme un objet représentatif de la créativité du lieu, voire de luxe ou collector ? En s’appuyant aussi sur les innovations développées par le secteur de l’imprimerie, en termes de textures, de pliages, de découpes personnalisées, de complémentarité avec le numérique ? Pourquoi ne pas solliciter la communauté de spectateurs pour faire de cette brochure non seulement un lieu ressource mais aussi un lieu de rencontre, de rassemblement, de cohésion ? Car ce que la crise nous confirme, c’est notre désir à tous de lien. La force et la chaleur du papier traversent les âges, les crises et les avancées technologiques parce qu’elles nous rappellent ce lien. La brochure de saison, par le toucher qu’elle implique, sa “sensualité”, est au fond le trait d’union parfait entre ces deux entités “vivantes” : le spectacle et le spectateur. L’enjeu pour les lieux culturels est donc de trouver le juste équilibre entre le print et le digital, en fonction des circonstances, sans abandonner l’un pour l’autre, mais en se servant de l’un pour magnifier l’autre. Overjoyed peut vous accompagner dans votre réflexion sur vos outils de communication.

Culture & Communication. Interview #3 : Audiane Plagiau, directrice de la Communication du CDN Nanterre-Amandiers

Par Céline Allais

Chaque mois, nous allons à la rencontre de communicant·e·s du secteur pour partager idées, bonnes pratiques et motivation. Troisième entretien avec Audiane Plagiau, directrice de la communication du Centre Dramatique National Nanterre-Amandiers (direction : Christophe Rauck). Audiane Plagiau a toujours eu le goût des lettres. Après une prépa littéraire et ce qu’on appelait à l’époque une “maîtrise” d’anglais à la Sorbonne, elle décide, “par goût et par curiosité” de s’orienter vers la culture. Avant d’intégrer le DESS Développement culturel européen de Lille, elle travaille durant un an au Théâtre Dunois, alors dédié à l’enfance et la jeunesse, où elle “touche à tous les corps de métiers” : accueil, communication, relations presse… En DESS, elle enrichit ses connaissances techniques et juridiques sur la gestion d’une entreprise culturelle. Et surtout, elle postule, pour son stage obligatoire, au Festival d’Automne à Paris où elle est prise à la communication. Au carrefour des lieux et des acteurs du secteur en Île-de-France, elle y découvre sa vocation. Un an plus tard, le Théâtre de Chaillot l’appelle pour un remplacement. Entrée en tant qu’assistante, elle en ressortira 11 ans plus tard responsable du service. En 2017, “désireuse de prendre part aux grandes décisions stratégiques”, elle entame un nouveau chapitre de sa carrière en devenant directrice de la communication du Théâtre Nanterre-Amandiers, sous la direction de Philippe Quesne. Bonjour Audiane. Quelle est selon vous la spécificité de communiquer dans le secteur du spectacle vivant ? En fait, je n’ai toujours communiqué que pour du spectacle vivant et j’ai fait une formation plus culturelle que communication. Je dirais que ce qui me plaît dans mon métier, c’est l’alliance de la langue – travailler avec la langue française, trouver la formule percutante, rédiger le texte qui donne envie – et du visuel – de la photo ou du graphisme. Ce sont deux choses que, moi-même, j’aime bien trafiquer et la culture me semble un formidable endroit pour rassembler ces deux intérêts, peut-être plus qu’une entreprise “classique”. Il faut dire qu’on est extrêmement bien servis : les textes et les photos sont séduisants, on peut se faire plaisir, c’est l’endroit idéal pour “s’éclater”. D’ailleurs, souvent les graphistes de grosses agences habitués au CAC40 ont envie de travailler sur des projets culturels, même s’ils savent que ça ne va pas leur rapporter beaucoup. C’est une bouffée d’air pour les directeurs artistiques ! Quel est votre rôle en tant que directrice de la communication, un poste qui n’existe pas forcément dans toutes les structures ? Souvent dans les théâtres, il existe ce poste de secrétaire général, sorte de bras droit traditionnel du directeur, qui rassemble la communication, les relations extérieures – dont les relations avec le public. Au théâtre Nanterre-Amandiers, le directeur, Philippe Quesne, qui vient de partir, était à la fois artiste et assez avant-gardiste sur la communication : il préférait avoir un directeur de la communication et un directeur des publics. Ça a été une chance pour moi. Comme les autres directeurs, je fais partie des réunions de direction, de toutes les grandes décisions de la maison tout au long de l’année, tout en étant, en même temps, “les mains dans le cambouis”, avec la mise en place du plan de communication, la rédaction de textes, les relations partenaires… C’est un bon compromis entre le management (j’encadre deux CDI et un·e stagiaire pendant 6-8 mois) et l’opérationnel, assez rare, peut-être aussi parce que la taille le permet. Je ne sais pas quelle sera la ligne de la nouvelle direction (Christophe Rauck), il faudra s’en reparler dans un an ! Quels sont les temps forts de communication d’une saison aux Amandiers ? Un peu comme tout le monde, il y a le lancement de la saison : avec la brochure de saison (pour l’instant toujours indémodable), de l’affichage et une présence dans les médias, à peu près au moins de juin, avec une piqûre de rappel en septembre. On imprime un peu moins de brochures papier chaque année, mais on en fait toujours. Sur cette saison, entre les incertitudes et les possibles annulations, je ne suis pas sûre que le papier tienne le coup, mais à voir. C’est un peu tôt car, en général, on finit au mois de mars, donc c’est à ce moment qu’on se posera sérieusement la question de l’utilité ou non de sortir une brochure en juin.  Sinon, traditionnellement, on ré-affiche la saison en janvier. On peut dire que c’est notre deuxième temps fort. On se débrouille aussi pour être présents dans les médias qui sortent leur fameuse “rentrée de scène”.Et notre troisième temps fort, c’est le Festival d’Avignon au mois de juillet. On communique peut-être davantage vers les professionnels que le grand public, quoique… : on achète beaucoup d’espaces publicitaires dans les journaux et les numéros spéciaux Avignon, avec une forte présence sur place (distribution de flyers…)Pour le reste, ça dépend des années. Depuis que je suis au Théâtre Nanterre-Amandiers, chaque saison, nous avons eu un gros événement, comme le festival autour de mai 68 en 2018 ou la grande exposition sur Jean-Luc Godard il y a deux ans. Là, avec les circonstances, on ne fait plus que du coup par coup. Quels sont vos trois outils de com essentiels ? En premier, la brochure, qui est vraiment le nerf de la guerre, notre outil de base, dans lequel tout le monde va piocher de l’information. Mes deux collègues du service et moi récoltons l’information, nous relisons les textes écrits par des rédacteurs et faisons le lien avec les graphistes, jusqu’à la validation finale (la brochure est corrigée in fine par une correctrice).Ensuite, le site Internet que nous avons refait en 2019 : nous avons travaillé sa structure, la maquette a été faite par nos graphistes et le site a été développé par un développeur freelance. Il était très approprié au projet de Philippe Quesne, il va peut-être un peu changer avec Christophe Rauck car il est important qu’il reflète le projet du directeur.Enfin, ex-aequo car complémentaires : les réseaux sociaux avec leurs retombées immédiates,…

“Le Podcast, c’est le nouveau blog”

Par Céline Allais

Au cœur de votre stratégie digitale, “le contenu est roi”. En revanche, comme dans la mode, les tendances évoluent et ce qui était la règle hier encore n’est peut-être aujourd’hui plus d’actualité face aux nouveaux usages. Il en va ainsi, des formats courts et enrichis de Tik Tok et autres Reels, mais il semble que l’on reprenne goût aux contenus longs en même temps que nous réapprenons à vivre le temps dans une lo/angueur qui s’était perdue dans nos vies pressées. Le contenu long – ou “slow content” – permet d’approfondir un sujet, de proposer un traitement de qualité désormais valorisé par les algorithmes des moteurs de recherche qui pénalisent les contenus super-ou-artificiels. Parmi les contenus longs qui cartonnent en ce moment, il ne vous aura pas échappé que la palme revient au podcast : dont on parle (93 % des Français ont déjà entendu parler de podcast – source étude CSA-Havas Paris, oct. 2020), qu’on écoute (plus d’1 Français sur 4 écoutent chaque mois des podcasts natifs ou du replay radio – source Médiamétrie, jan-fév. 2020) et qu’on produit (1,75 million de podcasts en ligne à ce jour – source podcastinsights.com) de plus en plus. iPod + Broadcast = Podcast Mais un podcast, qu’est-ce au juste ? Le podcast, contraction de “iPod” et “Broadcast”, est une nouvelle génération de radio : un contenu audio numérique généralement gratuit mis, grâce à un flux RSS, à disposition de l’auditeur qui peut l’écouter on ou offline en le téléchargeant. Il peut s’agir du “replay” d’une émission (typiquement le cas des émissions radio) ou d’un “podcast natif”, c’est-à-dire spécialement créé pour le web. La popularité grandissante du podcast, écoutable très facilement n’importe où, immergeant de façon intimiste l’auditeur dans un univers, incite de plus en plus de structures culturelles à produire le leur. C’est un moyen à la fois “simple” (moins lourd techniquement et moins coûteux que la vidéo), artistiquement flexible et efficace de bâtir ou consolider une communauté. Stratégie éditoriale À condition bien sûr d’avoir, comme pour tout contenu, défini : un/des objectif(s),  une/des cible(s),  une ligne éditoriale (de quoi parle-t-on, avec qui, à quelle fréquence…),  un ou des canaux de diffusion (sur le site web ? sur une plateforme ?),  la méthodologie de réalisation et production (interne ? sous-traitée ?),  etc. Il ne s’agit pas de faire comme tout le monde, de “produire pour produire” pour être absolument présent sur le créneau, car vous y investirez malgré tout du temps (en moyenne 2 jours par semaine) et tout l’aspect marketing et communication autour de votre projet sera à votre charge – le bouche à oreille faisant ensuite le reste. Le retour sur investissement peut prendre son temps. Le succès éventuel de votre podcast reposera essentiellement sur deux critères : la régularité des épisodes et leur qualité. Il faut donc en être conscient si vous souhaitez vous engager dans cette voie/x nouvelle, comme l’a fait, par exemple, le CDN Nanterre-Amandiers qui a pris le parti de concevoir un objet résolument artistique, une autre forme de contenu vivant, en attendant la reprise des spectacles : “Comme on manque un peu de perspective, c’est compliqué car on a besoin de communiquer en avance, donc on a l’impression de devoir modifier sans cesse les choses. Alors peut-être, ce qui peut être bénéfique, c’est de revoir nos vieilles habitudes et les changer, réinterroger nos pratiques un peu ancestrales de communication dans la culture, parce qu’on se rend compte que communiquer sur un spectacle deux mois à l’avance, ce n’est plus possible. Et puis explorer de nouveaux champs créatifs, par exemple avec le podcast. Nous ne sommes pas les seuls bien sûr, d’autres lieux l’ont fait. Et pourquoi pas ? Que les lieux de spectacle vivant produisent aussi de l’audio vivant ? Ce podcast, nous l’avons imaginé entre les deux confinements, en juin dernier, sans savoir que ça durerait. L’idée, c’est de proposer en épisodes (8 sont prévus) une revue sonore. Non pas des reportages publicitaires, mais de vraies créations sonores. Ce n’est pas notre métier, donc nous avons fait appel à la journaliste Aude Lavigne (ex-France Culture) et au réalisateur Alexandre Plank. Tous deux se promènent dans les salles de répétition, puisqu’il n’y a que ça en ce moment, et glanent des moments de création de spectacles. Ça dure une trentaine de minutes, c’est très agréable à écouter et c’est une façon d’entrer dans l’univers des artistes de la saison d’une manière différente. Produire ce joli objet, qui reste complètement artistique, nous a mis du baume au cœur. Et, mine de rien, il nous permet de continuer d’exister, d’avoir un peu de choses à offrir au public, sans brasser trop d’air !”  Audiane Plagiau, directrice de la communication du Centre Dramatique National Nanterre-Amandiers (direction : Christophe Rauck) – (Interview complète à découvrir le mois prochain !) Les suggestions audio d’Overjoyed Dans cette nouvelle jungle de podcasts, sélection toute subjective de 5 podcasts culture à découvrir : Radio Amandiers – Revue Sonore : immersion auditive dans les répétitions de 8 artistes qui étaient programmé·e·s cette saison aux Amandiers. Chaque créateur·rice accueille la journaliste Aude Lavigne et le réalisateur Alexandre Plank dans son studio, ou son atelier, ou au plateau pour évoquer un aspect de leurs processus créatif : 8 angles d’approche différents (décor, son…) pour créer un nouveau lien entre artistes et public. Également disponible sur Spotify, Apple Podcasts et Google Podcasts. Tous Danseurs est un podcast dédié 100 % à la danse créé par Dorothée de Cabissole. Son objectif est de faire rayonner « toutes les danses, la culture et le beau. Et entendre des voix rares : déjà 54 épisodes (Marion Motin, Mourad Merzouki, Yanis Marshall, Léo Walk, Tarek Aït Meddour, etc.). Disponible gratuitement sur toutes les plateformes de podcasts. Porté par les Inrockuptibles, les podcasts Voix d’Automne donnent rendez-vous aux auditeurs chaque mois pour leur proposer une traversée de la 49e édition du Festival d’Automne, international et interdisciplinaire. Ces rendez-vous mettent plus particulièrement l’accent sur la place des femmes artistes programmées pour cette édition.…

Culture & Communication. Interview #2 : Amandine Ligen, responsable de la Communication et du Mécénat, IAC de Villeurbanne (69)

Par Céline Allais

Chaque mois, nous allons à la rencontre de communicant·e·s du secteur pour partager idées, bonnes pratiques et motivation. Deuxième entretien avec Amandine Ligen, responsable Communication et Mécénat de l’IAC Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne (69) (direction Nathalie Ergino). Après des études de droit et Sciences Po Paris, dans l’optique de passer des concours administratifs, Amandine Ligen se tourne finalement vers la culture, par goût personnel et, “peut-être, un certain atavisme familial”. Elle débute son parcours professionnel en ingénierie de projets, stratégique (développement culturel du Grand Paris, du quartier de la Défense…) et opérationnelle : “il n’y avait pas de contradiction avec mon désir initial, puisque la culture est un service public.” Elle quitte quelques années plus tard Paris pour s’installer à Lyon. Elle intègre rapidement, en 2017, l’IAC de Villeurbanne, sous la direction de Nathalie Ergino, en tant que responsable Communication et Mécénat. Bonjour Amandine. Quelle est selon toi la spécificité de la communication dans le secteur culturel et plus particulièrement de l’art contemporain ? Pour les arts plastiques, en tout cas à l’IAC, la difficulté est d’accompagner tous les projets en respectant l’univers, le parti pris des artistes. Il est important pour nous de ne pas dévoyer leur propos au service de notre communication. Tout l’art est donc de trouver l’équilibre, le point de jonction et la cohérence entre nos enjeux en tant que lieu culturel et une proposition artistique. La communication est un service support, elle doit se mettre “au service de”, ne pas “communiquer pour communiquer”, ce qui n’est pas toujours évident dans un monde où elle a pris tant de place. À partir de là, notre façon de communiquer va être différente selon qu’il s’agit d’une exposition collective, d’une monographie, d’un projet dans un temps long ou plus court, et en fonction des artistes : certains jeunes maîtrisent très bien les réseaux sociaux, d’autres y vont à reculons… Nous nous adaptons sans cesse. C’est, je crois, notre spécificité et sans doute celle de la communication culturelle en générale. Quels sont les temps forts de communication d’une saison – si vous en avez une – à l’IAC ? Oui, on peut dire qu’on a une saison, même si on ne l’appelle pas ainsi et qu’elle n’est pas calquée sur une saison théâtrale par exemple. En moyenne, nous avons trois expositions par an et un temps fort “Ex Situ” (hors les murs) – puisque nous sommes un centre d’art et aussi un Frac (fonds régional d’art contemporain) avec une collection qui “voyage” chez différents partenaires, en France et à l’étranger. Donc les temps forts de communication sont l’accompagnement de ces différents projets, auxquels s’ajoutent deux autres temps dans l’année : les stations du “Laboratoire Espace Cerveau”, une plateforme de recherche qui croise art et sciences et autres disciplines.Et à côté, nous avons tout ce qui concerne les activités “de fond” pour les publics, les éditions, les activités des Amis de l’IAC qui nécessite une communication plus institutionnelle. Quels sont tes trois outils de com essentiels ? En premier, ça reste le print. Ça va peut-être changer, pour s’adapter à de nouveaux usages et à la montée en puissance des outils numériques. Mais pour l’instant, nous gardons cette communication papier. Le carton d’invitation est un objet unique, une trace physique que l’on conçoit comme un prolongement de l’exposition. Certains visiteurs “fans” font la collection depuis très longtemps. Nous sommes aussi l’un des rares centres d’art à publier un programme papier, un gros document assez unique qui donne la programmation de l’année. Ensuite, la newsletter est assez déterminante. Mensuelle, elle est avant tout conçue pour le grand public, mais inclut les pros aussi. Nous réfléchissons à une news spéciale enseignant·e·s pour les actions culturelles en direction des scolaires.Enfin, nous essayons de nous perfectionner sur Instagram qui devient un canal très important dans notre secteur, pour sa dimension visuelle. Il y a  eu une surenchère, lors du premier confinement qui nous a tous sidérés, c’était comme une fenêtre sur l’extérieur alors que nos lieux étaient fermés et que l’appétit de culture était là. Nous y sommes entrés un peu à marche forcée, et nous allons progresser car on sent le besoin d’y être présent, alors que notre fermeture s’éternise. Un exemple de réussite dont tu es particulièrement fière ? Le dispositif de communication mis en place en 2018 pour les 40 ans de l’IAC. L’enjeu était d’inscrire le lieu dans une histoire  et une mémoire (40 ans, ce n’est pas tout jeune) tout en restant ancré dans la création contemporaine. Pour exprimer cette idée, nous avons (ré)édité une création graphique de Laurent Weiner, artiste “historique” de l’Institut, qui a servi d’affiche, avec un message basé sur jeu typographique très inclusif, très actuel. Nous avons eu d’excellents retours, des retombées médias. Et l’affiche s’est très bien vendue ! Trois mots clés pour qualifier votre communication ? Plutôt que des mots-clés, je dirais : #auservicede – au service des recherches, des explorations, des expériences menées par les artistes. Et ce n’est #jamaislamêmechose ! Un mot optimiste pour finir ? L’IAC travaille depuis longtemps avec des artistes qui s’intéressent aux questions de l’Anthropocène, à l’impact de l’homme sur Terre, etc. Sur le plan artistique, je crois que ce moment de crise, ce temps qui paraît “suspendu” ne sera pas stérile pour les artistes, mais qu’il sera un temps d’approfondissement, de création encore plus foisonnant, voire d’inspiration pour aller vers d’autres territoires. Ils et elles sont en quelque sorte nos guides, des défricheurs, des décrypteurs du monde et ce sera intéressant de voir où ils vont nous embarquer. En termes de communication, la crise actuelle nous donne de nouvelles envies, celles de développer de nouvelles pratiques : le champ des possibles est incroyable pour faire vivre des expositions à distance, inventer d’autres façons d’aller vers le(s) public(s), vers l’Autre – même si, bien sûr, rien ne remplacera le contact physique et la matérialité d’une oeuvre. Et surtout, qu’est-ce qu’on va être contents de se retrouver lorsque nous pourrons ouvrir à nouveau ! Photo d’Amandine Ligen devant l’œuvre d’Amélie Giacomini et…

Vidéodanse : le regard de Clotilde Amprimoz (ChoréActif)

Par Céline Allais

L’art chorégraphique a toujours entretenu un rapport étroit avec la vidéo. Il se propage et se partage aujourd’hui sur nos écrans, donnant à la danse une nouvelle visibilité. Loin d’être une “simple” captation d’une performance, la vidéodanse est une forme artistique à part entière, tout comme le “Tanztheater” (danse-théâtre) n’est pas du théâtre dansé ou de la danse théâtralisée. Overjoyed accompagne certain·e·s de ses représentant·e·s et partage avec vous leur regard sur cet art en plein renouveau. Rencontre avec Clotilde Amprimoz, pionnière dans la discipline : artiste audiovisuelle, réalisatrice, directrice artistique, elle a fondé il y a dix ans l’association ChoréACtif, basée à Clermont-Ferrand (63), qui développe nombre de projets interdisciplinaires mêlant danse et cinéma. La danse, Clotilde est tombée dedans quand elle était petite : classique, jazz, contemporain…  jusqu’à une blessure qui la fait passer de pratiquante à spectatrice. Étudiante à Paris en Histoire et Histoire de l’art, elle se met à fréquenter assidûment, passionnément les salles de spectacle et décide de se réorienter dans un cursus universitaire de danse à Paris 8. Elle décroche un stage puis des missions régulières au Centre National de la Danse (CND) et, de rencontres en projets, s’essaie à la vidéo. Le début d’un parcours pluri et transdisciplinaire, mêlant intimement danse et vidéo, documentaire et poésie, recherche et engagement. Bonjour Clotilde, comment as-tu découvert la vidéodanse ? Entre ma pratique personnelle, mes études et mes missions au CND, j’étais immergée dans le milieu de la danse. Grâce à ma bourse d’études, je me suis équipée d’une caméra et j’ai commencé à filmer les amis danseurs qui m’entouraient. Mon cursus final à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales) a nourri un regard quasi-ethnographique. J’ai réalisé un premier documentaire sur la danse et la musique particulières de Tsiganes d’Edirne (Turquie), puis obtenu quelques commandes, notamment pour le Musée national de l’histoire de l’immigration, autour de la danse et l’immigration. De tournages en festivals, j’ai participé à la première édition du festival de vidéodanse de Bourgogne, à la dimension déjà internationale, en 2010. J’ai alors découvert un réseau de réalisateur·rice·s et danseur·se·s intéressé·e·s par ce lien entre image et danse, avec qui j’ai gardé des liens. D’une part, ma sélection dans des projets européens/internationaux a conforté mon goût pour la découverte de l’ailleurs et élargi mon réseau international ; d’autre part les projets artistiques ou spectacles vivants résolument territoriaux portés par ChoréACtif sont très importants pour moi pour travailler in situ avec les personnes et les lieux que je fréquente au quotidien, pour “prendre racines”. Qu’est-ce qui t’attire particulièrement dans la vidéodanse ? J’ai été très influencée par le cinéma burlesque, j’ai d’ailleurs fait un mémoire sur Playtime de Jacques Tati, cette danse du quotidien, cette esthétique à la fois très exigeante et légère. J’aime également les artistes tels Lloyd Newson (DV8 physical theater), engagé socialement, qui s’intéresse aux « invisibles ». À Clermont-Ferrand, où j’ai choisi de m’implanter pour travailler le local, le territoire est urbain mais aussi très rural. J’ai à cœur de valoriser les métiers, la mémoire individuelle et collective, cette dimension patrimoniale immatérielle qui doit se transmettre. C’est peut-être justement pour garder une trace de cet éphémère, mais aussi l’interpréter différemment, que j’aime la vidéodanse. Le cinéma a un pouvoir sur l’imaginaire, une charge émotionnelle sur le public : inconsciemment, par l’image, on peut rendre accessible ce qui est prétendument inaccessible – comme la danse, réputée “pour les spécialistes”. Au départ, ce n’était pas volontaire : j’avais cet outil magique qui me permettait de la rendre moins éphémère, de donner un regard et une interprétation d’un spectacle ou d’une personnalité. Les premiers spectacles que j’ai filmés, je voulais tout montrer, tous les détails ! J’ai appris au fur et à mesure, instinctivement, grâce aussi à mon bagage culturel (histoire de l’art). Aujourd’hui, après avoir vu un spectacle et cerné son propos, j’essaie de saisir ce qui est important à mettre en lumière, et ça oriente ma façon de filmer : choix de plans de coupe particuliers, un détail, des regards entre les interprètes, une respiration… Tout ce qui va donner du sens pour la lecture du spectacle. Le montage est très important également. Qu’est-ce qui différencie, selon toi, une vidéodanse d’un clip ?  J’ai l’impression qu’actuellement, la danse est un peu un outil esthétique, utilisé pour rendre “jolies” une scène, une musique… Pour moi, une vidéodanse, c’est avant tout un regard artistique, humain, subjectif, sur un sujet ou sur un spectacle. C’est donner son interprétation et sa vision, c’est s’engager et prendre des risques artistiquement. J’essaie de mettre en valeur des sujets sociaux qui m’interpellent ou des œuvres, et l’humain derrière tout ça. Et de choisir la meilleure façon de “raconter” cette histoire, même si ce n’est pas forcément narratif. Ce qui m’importe, c’est le fond, et la forme doit exprimer au mieux ce fond, et rester complètement libre et personnelle à chacun. Quelles sont tes influences et inspirations, en vidéodanse ou dans d’autres domaines ? Outre Tati et DV8 que j’ai déjà cités : Peter Greenaway, Akram Khan, Meg Stuart, les ballets C de la B, l’art populaire et les arts premiers ; le Decouflé des débuts : cette chorégraphie par le visuel, m’a influencée, tout comme la danse in situ de Julie Desprairies ou d’autres chorégraphes ; j’aimerais collaborer avec un réalisateur hongkongais, Maurice Lai, que j’ai rencontré en 2010. Pour résumer, le ludique-poétique du cinéma burlesque ou Decouflé, le social qui touche l’âme dans des documentaires de création de Johann Van der Keuken, Alain Cavalier ou Nicolas Philibert. Puis viennent nourrir tout ça les arts dans l’espace public, l’urbanisme, l’anthropologie, les recherches sur le corps en lien à son environnement, les connexions entre tous ces domaines. Quel regard portes-tu sur l’explosion de la vidéo comme mode de diffusion de la danse aujourd’hui ?  Je suis très contente que les gens soient sensibles à cette forme d’art. Mais comme pour tout effet de mode, je m’en méfie aussi un peu, parce que, si ça peut faire émerger des talents,…

Culture & Communication. Interview #1 : Laura Mary, responsable de la Communication et des Relations avec le public, Ecam (94)

Par Céline Allais

Chaque mois, nous allons à la rencontre de communicant·e·s du secteur pour partager idées, bonnes pratiques et motivation. Premier entretien avec Laura Mary, responsable de la Communication et des Relations avec le public à l’Ecam (Espace Culturel André Malraux) – Théâtre du Kremlin-Bicêtre (direction Claire Bourdier). Laura Mary a grandi dans une famille où le cinéma, la littérature et la culture en général occupent une place très importante. C’est tout naturellement qu’elle se dirige vers des études culturelles : licence en arts du spectacle option conception de projet culturel, puis master en médiation culturelle. À l’université, elle découvre le spectacle vivant. Coup de foudre. Après une première expérience dans une agence de communication parisienne spécialisée dans les relations médias web pour le spectacle vivant, elle rejoint, fin 2017, l’Ecam, alors dirigé par Christine Godart, en tant que chargée de communication et des relations avec le public. À l’arrivée de Claire Bourdier, nouvelle directrice, en septembre 2018, Laura prend la responsabilité du service et renouvelle l’image et la communication du lieu à la suite de Marie-Hélène Saez. Bonjour Laura. Quelle est selon toi la spécificité de communiquer dans le secteur du spectacle vivant ? Lorsque j’étais en agence, nous devions élaborer les stratégies web de spectacles et d’artistes en étant les plus créatifs possible. Cette expérience a influencé ma conception de la communication.L’enjeu pour le spectacle vivant, surtout en passant du privé au public, c’est d’arriver à exister avec très peu de moyens, des budgets largement inférieurs à ceux qui se pratiquent dans d’autres secteurs, pour un impact attendu similaire. Nous sommes un petit lieu en termes de subventions, le web pour nous a donc d’autant plus d’importance car il est peu coûteux.Par ailleurs, nous évoluons dans un univers très concurrentiel : le public doit gérer une masse d’informations et un choix considérables en Île-de-France où il existe quasiment un théâtre par ville ! Il est donc difficile mais nécessaire de se singulariser dans sa programmation et sa communication. Quels sont les temps forts de communication d’une saison à l’Ecam ? Le grand temps fort, c’est bien sûr la préparation du programme de saison. Le défi, c’est de se projeter à partir du brief de la direction, de comprendre puis traduire en textes et transcrire aux graphistes les choix de programmation, ce vers quoi Claire veut emmener l’Ecam. Ce travail commence dès janvier-février, un moment très important où le service com est en lien étroit avec la direction, pour une sortie du programme en juin, avec une intensification au fil du temps. Cet objet, qui donne le ton de toute la saison, mobilise encore beaucoup de lieux. Nous ne pouvons pas encore nous en passer, même si la crise va probablement modifier les choses.Cette année est par ailleurs spécifique : nous sommes à l’Ecam dans une phase où plusieurs chantiers avaient été amorcés pour faire évoluer la structure, qui se sont accélérés du fait de la crise. Nous menions déjà une réflexion sur notre site, qui s’est révélé inadéquat pour communiquer ou proposer des formats innovants durant le confinement. Nous avons donc renforcé nos réseaux sociaux, laissé un peu de côté le print… La période nous a poussés à dresser un bilan un peu sévère de notre réponse numérique en temps de crise. Quels sont tes trois outils de com essentiels ? D’habitude, et c’est une grosse différence, lorsque nous avons un événement ou un artiste à défendre, nous utilisons l’affichage, le flyer – dont l’impact peut être déterminant. En ce moment, nous utilisons plus le numérique pour converser, rassurer et garder un contact avec le public : les réseaux sociaux et le mailing au public, pour pallier les manques du site. Et le téléphone reste une valeur sûre pour rentrer et rester en contact avec tous nos partenaires. Un exemple de réussite dont tu es particulièrement fière ? Notre changement d’identité, pensé dès juillet 2018, a été un gros projet et une grande réussite. L’Ecam avait trop souvent changé d’image. Nous avions envie de véhiculer un message simple et fort : un lieu engagé, jeune, plein d’idées et où il se passe plein de choses. Avec une identité reconnaissable, moderne et durable, tranchant avec ce qui s’était fait avant, pour attiser la curiosité : des couleurs franches, une typo BD – qui représente beaucoup Claire, fruit de sa génération des années 80, et ses choix de développement du public famille –, des symboles forts (un bras féminin, des poings levés…). Nous avons travaillé avec le studio Les Jumelles, choisi parmi plus de 80 candidats à notre appel d’offres. L’impact est réel : nous avons énormément de retours positifs, de spectateurs, d’institutionnels… Nous sommes remarqués lorsque nous intervenons dans des forums d’associations. Et notre public change également, plus jeune, plus familial. Trois mots clés pour qualifier votre com ? #décalée #engagée #pop Un mot optimiste de fin ? Je suis de nature plutôt optimiste et j’ai la chance de travailler avec une équipe dynamique et créative ! Je profite de cette période pour faire de la veille (ce que je n’ai jamais le temps de faire), aller plus loin dans mes réflexions et trouver des solutions. C’est presque une chance pour une jeune travailleuse comme moi. C’est le moment d’apporter ma pierre à l’édifice, d’investir le numérique, d’essayer d’innover grâce à l’écoute de Claire. Au-delà de la gravité de la situation, dans ce métier, on n’a pas le temps de s’ennuyer ! ★ ecam-lekremlinbicetre.com