Culture & Communication. Interview #15 : Coline Loué, responsable de la communication, des réseaux sociaux et des relations presse au théâtre des Îlets – CDN de Montluçon

Par Aurea Marteau-Rhoc

Chaque mois, nous allons à la rencontre des dirigeant·e·s et communicant·e·s du secteur pour partager leurs visions du métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations. Ce mois-ci, Coline Loué, responsable de la communication au théâtre des Îlets – centre dramatique national de Montluçon, a pris le temps de répondre à nos questions. Bonjour Coline, tout d’abord, comment avez-vous commencé votre vie professionnelle dans le spectacle vivant ? Au fil de mes études en histoire de l’art et arts du spectacle, puis deux masters en Conduite de projets touristiques et culturels et Management des activités culturelles et audiovisuelles, j’ai découvert peu à peu les métiers de la communication en lien avec les arts, la création et plus spécifiquement le spectacle vivant. À travers des projets collectifs dans le cadre de ces formations mais aussi du côté de la pratique artistique amateur, j’ai pu peu à peu approcher différentes missions et découvrir que j’avais peut-être une place à trouver dans ces métiers. Et c’est mon stage de fin d’étude à La Comédie – scène nationale de Clermont-Ferrand qui m’a confirmé cette envie de faire lien entre création et public à travers les outils de la communication, et c’est aussi là que j’ai pu démarrer véritablement ma vie professionnelle. Selon vous, quelle est la spécificité du travail de communicant·e dans le spectacle vivant ? C’est justement travailler à créer ce lien, ces passerelles multiples entre les artistes, leurs univers singuliers et le public, lui aussi pluriel et mouvant, par le biais d’outils spécifiques. En tant que communicantes et communicants, et tout particulièrement dans un centre dramatique national, nous sommes à un endroit charnière entre la création qui émerge, des artistes qui inventent, et des spectatrices et spectateurs à qui donner l’envie, le désir, la curiosité et aussi les « clés » pour venir jusqu’à nous et jusqu’au cœur de nos salles. Il s’agit aussi de partager une aventure artistique et humaine avec tous les moyens possibles, mais aussi par le travail transversal et collectif réalisé avec toute une équipe. Pourriez-vous résumer la communication du théâtre des Îlets en 3 mots ? Renouveau : parce que chaque saison l’identité visuelle du théâtre des Îlets est remise en question et réinventée. Carole Thibaut, artiste et directrice, aime que la communication soit aussi un endroit de création à part entière et permette d’imaginer de nouveaux univers et supports pour raconter le lieu et le projet artistique autrement. Rencontre : parce qu’au fil des années, les collaborations et les rencontres avec des illustratrices ou des photographes viennent nourrir les projets conçus avec notre graphiste Thomas Rochon. Surprise : parce que nous essayons toujours de nous amuser avec les nouvelles idées et les nouveaux supports qui sont créés, et de nous surprendre nous aussi, comme le public qui les découvre, pour ne jamais se lasser de ce qui va émerger. Comment sont organisés les différents rôles de communication au sein du théâtre des Îlets ? Je suis seule en charge de la communication, au sein d’un pôle relations publiques / communication constitué d’une secrétaire générale, de 3 chargées des relations publiques et une secrétaire. Je travaille avec deux collaborateurs extérieurs en freelance qui sont Thomas Rochon, graphiste, et Rodolphe Michard, webmaster. Au sein du CDN je gère à la fois toute la coordination du print, je réalise aussi parfois certains supports en interne en complément des éléments réalisés par le graphiste, je gère toute la partie digitale (site internet, réseaux sociaux…) et les relations avec la presse locale. Pour nous accompagner côté presse nationale, nous avons la chance (et le grand plaisir !) de travailler avec la joyeuse fée Delphine Menjaud. Quels sont vos principaux outils com ? Le print reste incontournable sur notre territoire (plaquette de saison, dépliants bimestriels, affiches…), mais le numérique occupe bien sûr également une grand place à travers le déploiement du site, les newsletters, les publications Instagram et Facebook (et TikTok à l’occasion quand on trouve le temps !). Et pour mettre tout ça en œuvre j’utilise des outils assez classiques comme les logiciels de PAO, et depuis peu Canva, qui est assez pratique pour préparer des publications des réseaux sociaux par exemple. Quels sont vos temps forts de communication ? La sortie des supports de la nouvelle saison bien sûr, notamment la plaquette (ou les revues, gazettes semestrielles, selon les saisons…). Les créations de Carole également. Et, dans un autre registre et avec une autre temporalité, la sortie mensuelle de notre camionnette des Îlets qui est à la fois un outil de communication original, une sorte de « mascotte », mais aussi un élément de décor et scénographie pour certaines petites formes théâtrales ! Les rôles du théâtre des Îlets en tant que centre dramatique national sont nombreux (recherche, écriture, création, diffusion, formation…) : communiquez-vous sur tous ou vous concentrez-vous sur certains en particulier ? Communiquez-vous différemment en fonction des thématiques abordées ? Si oui, comment réussir à garantir une ligne éditoriale d’ensemble malgré la diversité de sujets abordés ? Nous essayons de communiquer sur tout au plus grand nombre pour que le public – comme les professionnel·le·s – comprenne justement toute la diversité de nos missions et de nos actions. Par ailleurs, notre programmation et nos créations se déploient en et hors les murs du théâtre et nous attachons une grand importance à ne pas hiérarchiser les projets pour au contraire valoriser aussi bien les spectacles joués « à domicile » aux Îlets, tout autant que ceux qui vont se balader sur le territoire, chez l’habitant·e, mais aussi les créations qui partent en tournée nationale. Ainsi dans la plaquette de saison nous accordons à la programmation itinérante la même importance que les autres créations. Et comme nous sommes un lieu qui défend les écritures contemporaines, les mots ont aussi une place importante sur nos différents supports, jusqu’aux murs du théâtre qui sont remplis de phrases extraites de pièces créées ou jouées aux Îlets. Le Théâtre des Îlets s’associe à différents artistes. Comment travaillez-vous avec eux ? Il y a une belle fidélité à certain·e·s artistes depuis l’arrivée de Carole en janvier…

Culture & Communication. Interview #14 : Romain Paquet, responsable de la communication et des relations presse du Gymnase CDCN

Par Aurea Marteau-Rhoc

Chaque mois, nous allons à la rencontre des dirigeant·e·s et communicant·e·s du secteur pour partager leurs visions du métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations. Ce mois-ci, Romain Paquet, responsable de la communication et des relations presse du Gymnase CDCN à Roubaix (51), a pris le temps de répondre à nos questions.  Bonjour Romain, tout d’abord, comment avez-vous commencé votre vie professionnelle dans le spectacle vivant ? Mon parcours ne m’a d’abord pas prédestiné au milieu de la culture puisque j’ai commencé mes études dans une école de commerce à Lille. Lors de ces trois années, j’ai eu l’occasion de faire des stages. Mon envie de culture a alors émergé et je me suis dirigé vers différentes structures culturelles pendant mes études : Droit de Cité, Compagnie Rêvages, Tourcoing Plage… Par la suite, j’ai débuté un master de patrimoine culturel à Angers. Ce master comportait tout un volet sur l’utilisation des nouvelles technologies. Ça a été l’occasion pour moi d’apprendre à faire de la vidéo, de la photo et à maîtriser des outils numériques qui me sont aujourd’hui encore utiles dans un poste qui nécessite de mettre la main à la patte dans pleins de domaines. Mes expériences professionnelles dans le milieu du spectacle vivant se sont alors enchaînées, d’abord dans un carnaval à Lille, à la Comédie de Béthune et aujourd’hui au Gymnase, Centre de développement chorégraphique national. Ma spécialisation dans la fonction communication a été progressive jusqu’à devenir aujourd’hui responsable de communication. Selon vous, quelle est la spécificité du travail de communicant dans le spectacle vivant ? A mon sens, dans les différents lieux où j’ai travaillé, il a été primordial de travailler sur l’identité des structures et non uniquement sur la vente de spectacles en particulier. Il s’agit d’abord de faire un vrai travail de notoriété afin de faire connaître un lieu. Il est nécessaire de faire transparaître ses valeurs, oserai-je dire, son âme, à travers des actions de communication. C’est seulement ainsi que l’on peut toucher un plus vaste public et désamorcer tout ce qui pourrait entraver sa venue en salle. Pourriez-vous résumer la communication du Gymnase CDCN en 3 mots ? Pour commencer, la notion de simplicité me paraît primordiale. Si ce n’est pas toujours ce que l’on peut atteindre, on doit au moins tendre vers elle. Au Gymnase, nous réfléchissons beaucoup aux mots employés pour renvoyer à un imaginaire connu, identifié et accessible. Ainsi, nous aurons tendance à parler de « danse » plutôt que de « chorégraphie » ou de « mouvement ». Nous voulons aller droit au but et surtout, droit au public.  Par ailleurs, nous visons l’efficacité. Celle-ci va de pair avec cette idée de simplicité. Nous voulons créer des repères facilement identifiables pour le public. Cela peut passer par le choix des noms de nos festivals où par nos logos, avec une tête de lion qui agit comme un totem.  L’efficacité, c’est la volonté de sortir du lot, de se distinguer d’autres instances culturelles. Pour ce faire, nous avons recours à des visuels impactants, avec de nombreux effets de matières et de brillance. On trouve de nombreuses aspérités visuelles dans nos documents de communication. Enfin, l’humain est prédominant. Nous avons pour volonté d’humaniser notre communication en l’incarnant au travers de présentations d’artistes en résidence. Il s’agit de mettre en place un véritable storytelling pour mieux présenter l’identité du Gymnase. Comment sont organisés les différents rôles de communication au sein du Gymnase CDCN ?  Le Gymnase est une structure composée de huit membres permanents. Parmi eux, je travaille en étroite collaboration avec une personne s’occupant à mi-temps de la communication et à mi-temps de la billetterie. Je m’entretiens également beaucoup avec la secrétaire générale ainsi qu’avec le directeur et la directrice générale. Ils m’apportent tous regard plus global sur la structure et aiguillent ainsi mon travail. En plus de cela, selon les projets, je travaille également main dans la main avec  l’équipe de médiation et relations publiques (3 personnes) voir même avec d’autres services (production et technique), toujours dans l’idée de concevoir des projets dans leur totalité. Enfin, le Gymnase a également recours à des prestataires extérieurs. C’est avec eux que je collabore pour établir les chartes graphiques de nos festivals comme Mathilde Delattre, notre graphiste depuis de nombreuses années. En plus de son rôle de “prestataire”, elle a aussi un rôle de conseil. Pouvez-vous nous parler de votre mission en particulier ? Au sein du Gymnase, je décrirais mon poste comme celui d’un facilitateur. Une bonne idée naît souvent d’un temps d’échange collectif. Il faut alors mettre cette idée en œuvre, la concrétiser en l’incarnant dans des visuels, dans des éléments de langage ou dans des vidéos. Il s’agit du volet opérationnel de mon métier.  Par ailleurs, mon poste revêt également un aspect stratégique. Je dois traduire diverses idées dans un seul et même fil rouge : la stratégie de communication autour de laquelle viennent s’articuler nos actions, qu’elles soient digitales, print ou publicitaire. En bref, je dois autant penser à court terme qu’à long terme, en produisant régulièrement des contenus tout en entretenant une vision durable. Quels sont vos principaux outils comm ? J’ai recours à des outils somme toute assez classiques. Je réalise notamment de nombreux tableaux sur Excel. Il s’agit là d’une excellente manière de gérer l’organisation des actions de communication. J’ai essayé d’autres outils comme Trello mais rien n’est aussi efficace qu’Excel à mes yeux. J’y recense mes contacts presse, les dates de mes relances ou des événements à venir.  J’utilise la suite Adobe (InDesign, Photoshop, Premiere) afin de réaliser la partie la plus concrète de mon plan de communication, à savoir, les éléments visuels et graphiques.  Enfin, je me sers de la suite Meta afin de publier nos publications sur les différents réseaux sociaux du Gymnase. Quels sont vos temps forts de communication ? Nos deux festivals constituent les principaux temps forts de notre communication. Le premier, Forever Young, est destiné aux jeunes publics. En 2023, il se déroule du 16 novembre au 9 décembre.  Le second, Le Grand Bain, a pour vocation de déployer un large panorama…

Culture & Communication. Interview #13 : Suzy Boulmedais, responsable de la communication du Théâtre National de Strasbourg

Par Collectif Overjoyed

Chaque mois, nous allons à la rencontre des dirigeant·e·s et communicant·e·s du secteur pour partager leurs visions du métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations. Ce mois-ci, Suzy Boulmedais, responsable de la communication du Théâtre National de Strasbourg (TNS), a pris le temps d’un entretien sous le signe de la joie. Elle nous raconte son parcours et son expérience à Strasbourg, au sein de ce Théâtre et École, portés par Stanislas Nordey, qui passe le relais à Caroline Guiela Nguyen après 9 années à la direction de cette maison. Pour commencer, peux-tu nous raconter le parcours qui t’a menée jusqu’au spectacle vivant ? À aucun moment au début de mon parcours ou de ma formation, je n’ai imaginé travailler dans un théâtre, mais j’ai toujours su que j’avais envie d’être dans un environnement collectif, artistique et dans le secteur public : être ensemble et mettre en lien les personnes et projets, c’est ce qui me fait avancer. J’ai suivi des études d’anglais jusqu’au Master et, après une période de travail en Angleterre et un stage dans la production musicale à Paris, je suis revenue à Strasbourg avec l’envie de me former dans la culture. J’ai donc repris une formation en management de projet culturel et j’ai effectué mon stage au TNS en 2007 aux relations presse. À cette époque, le théâtre était dirigé par Stéphane Braunschwheig autour d’un projet très contemporain, tourné vers des textes d’Europe et d’ailleurs, qui a modifié l’image classique que j’avais du théâtre. C’était alors l’avant-dernière saison avec Didier Juillard en tant que Secrétaire général et Chantal Regairaz à l’information et c’est avec eux que j’ai avancé. J’ai travaillé aussi sur les relations publiques pendant la fin de mandat et suis revenue sur la coordination entre la communication et le secrétariat général et sur la presse. Comme j’étais bilingue, j’ai accompagné le Festival Première, projet entre le TNS et Le Maillon, avec de jeunes metteur·se·s en scène européen·ne·s. Pendant 4 jours se retrouvaient à Strasbourg des sortants d’écoles ou des premières fois d’artistes polonais, suisses, hongrois, allemands, anglais, belges ou français. On y a vu Kornel Mundruczo, Marta Gornika ou Thom Luz… Ça m’a beaucoup plu, alors j’ai continué à travailler à cet endroit de lien entre le TNS et le Maillon pendant 4 années de suite. Ensuite, je suis partie à la Ville de Strasbourg en tant qu’attachée de presse. Puis le théâtre a ouvert un poste en tant que chargée de l’information numérique avec Julie Brochen, directrice du TNS de 2008 à 2014. Je suis revenue travailler en binôme avec Chantal Regairaz dans une équipe à l’époque composée de 2 personnes. Une expérience passionnante car tout était à inventer et réinventer, je me suis formée au numérique en 2011 – on se posait alors beaucoup de questions : comment ça fait bouger nos métiers, comment l’intégrer dans les différents métiers du théâtre, comment en faire un outil de médiation et non d’information verticale, comment le numérique vient au service de l’artistique… L’enjeu à mon poste était de faire rayonner le TNS en ligne, de former des ambassadeurs parmi notre public, d’amener en interne chacun et chacune à être acteur de ce déploiement. Concrètement ceci s’est traduit par reconstruire le site web, fabriquer des contenus pour nos tout récents comptes sur les réseaux sociaux, créer des partenariats avec des communautés de « blogueurs », et sensibiliser les équipes au quotidien . Nous avons mené un véritable accompagnement au changement avec les 100 permanent·e·s de l’époque et les intermittent·e·s, écouté les craintes et apporté un peu de confiance par rapport à l’utilisation de leur image et leurs propos sur les réseaux. Nous avons mis en place plusieurs temps de formation ou de workshops autour de ces questions avec des intervenants extérieurs comme Pascal Desfarges. En 2014, Stanislas Nordey arrive, avec sa passion des écritures francophones, des artistes associés, autour de valeurs fortes – diversité et parité –, une ambition pour l’École, son désir de démocratiser l’accès aux salles avec la construction d’une saison parallèle gratuite, les programmes Ier Acte destiné à favoriser une plus grande diversité sur les plateaux ou encore le Prix Bernard-Marie Koltès où les lycéens sont formés à avoir un regard de spectateurs à travers un travail collectif et l’élection d’un auteur ou d’une autrice. La problématique de communication repose sur la manière de faire vivre ça dans la ville, dans un environnement culturel très riche, et comment exister en dehors au niveau national. Sur le plan de l’organisation du Théâtre, les choses bougent aussi. Les services communication et information fusionnent sous la responsabilité de Chantal Regairaz. Entre 2014 et 2020, je me charge du numérique et de la presse, puis deviens chargée de communication 360 avant de prendre en 2020 la responsabilitédu service. Comment s’organise ton service ? Nous nous occupons de la communication du théâtre et de son École avec un graphiste intégré, un chargé de communication print et web, une chargée de communication presse et web et parfois des stagiaires et des alternant·e·s pour venir renforcer l’équipe. La période Covid nous a amenés à développer de nouveaux outils de télétravail et de communication destinés au public : une chaîne de podcast toujours en ligne et un compte Instagram fourni et dynamique. Nous nous appuyons sur une équipe jeune arrivée dans les 5 dernières années et sur un photographe merveilleux qui fait toutes les images de création et de la vie à l’École, et une attachée de presse précieuse qui travaille à Paris pour faire rayonner le TNS au national, Anita Le Van. Nous avons aussi travaillé avec des agences qui ont façonné l’identité du TNS, avant d’internaliser cet aspect, car Stanislas a un regard très fin et sait ce qu’il veut. Ponctuellement, je suis amenée à travailler avec des agences en local (Vuxe) pour les développements web ponctuels. À l’arrivée de Stanislas, nous avons mené un gros appel d’offres pour développer le site web : l’agence Les comptoirs à Paris a été retenue. Nous pouvons compter sur des partenaires en local, des réseaux de diffusion et nous avons…

Culture & Communication. Interview #12 : Eric Leite, directeur de la communication et de la billetterie au Monfort Théâtre

Par Collectif Overjoyed

Chaque mois, nous allons à la rencontre des dirigeant·e·s et communicant·e·s du secteur pour partager leurs visions du métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations. Pour ce 12e entretien, nous avons interviewé Eric Leite, directeur de la communication et de la billetterie au Monfort théâtre.  Eric Leite est issu d’une formation scientifique, avec un attrait tout particulier pour les métiers de la mer. Après un DEUG de Science, il s’est lancé dans l’univers de la voile à la Rochelle, à la recherche d’un cursus de navigateur. Il est rentré dans la Marine Nationale dans laquelle il a passé 3 ans et demi sur un bateau, comme patrouilleur à Brest. Une première expérience formatrice dans l’univers du service public.  A côté de ses études, Eric Leite cultive un attrait pour la musique et devient très actif dans l’organisation de concerts et festivals. C’est après son expérience militaire, qu’il décide de se replonger dans ce qu’il aime faire : communiquer auprès du plus grand nombre les événements qu’il organise. Sur les conseils de certains journalistes rencontrés sur ces événements, il se lance dans une licence de communication à Nanterre.  Comment avez-vous commencé votre vie professionnelle dans le spectacle vivant ? Pendant mon cursus à Nanterre, il a fallu faire trois stages, alors je me suis retourné vers mon réseau de la Culture et j’ai fait mon stage au Théâtre de Chevilly-Larue dans le 94 relié à La Maison du Conte, puis au Groupe La Poste et dans l’Agence de Relations Presse OPHA. Cela m’a permis de découvrir des univers très différents comme celui des spiritueux ou d’Aéroport de Paris dans le cadre de l’organisation du lancement du dernier terminal E, une expérience très enrichissante. A la fin du cursus un poste de Relations Publics et Billetterie s’ouvrait dans le théâtre de Chevilly-LaRue. L’environnement y était assez fun et j’y suis resté six ans. Mon cursus et mon appétence pour le métier m’ont permis de transformer mon poste en chargé de communication et d’accompagner les débuts de la digitalisation de sa communication. Comme c’était une toute petite équipe, je m’occupais aussi de la billetterie et du fichier, j’ai donc fait mon cheminement dans le métier avec cette dimension marketing. Au bout de 6 ans, je me suis senti un peu limité. Avec mon Bac +3 et un bagage technique, la dimension stratégique me manquait. A l’époque, on pouvait faire un Congés Individuel de Formation, et j’ai choisi de le faire au CELSA, puis dans un cursus de Master 2 plutôt orienté dans la communication digitale culture et tourisme. J’ai découvert un monde passionnant, une approche plus universitaire portée sur la sociologie des publics avec des intervenants divers et variés. J’ai alors fait un stage de sept mois dans l’agence DDB pour continuer à apprendre avec des clients dans le tourisme, sur les problématiques de numérisation de la communication. On passait des salons et des brochures à une démarche digitale, il fallait faire des formations en interne, développer des applications en marge du site internet. En même temps, on travaillait aussi à concevoir des recommandations pour des refontes de marque.  Ensuite, j’ai pris la Direction d’une équipe de 3 personnes en charge de la Billetterie et de l’accueil au Prisme à Elancourt, à l’époque salle de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. J’ai restructuré le service en renommant les missions, créé le poste de Community Manager et un autre poste de chargé du « public individuel » en réalité un poste de marketing. Alors, on a refondu le site de billetterie, mis en place une billetterie électronique. C’était pour moi le baptême du feu du management d’une plus grosse équipe. Puis avec l’agglomération, j’ai suivi la mise en place d’un chantier de territoire, avec la création de la plateforme « Le kiosque » qui avait pour ambition de fédérer les lieux culturels et que nous avons mené avec la billetterie Rodrigue.  En 2015, par affinité artistique, j’ai rencontré Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel. Lorsqu’ils sont arrivés au Monfort, ils avaient une ambition forte pour le lieu et souhaitaient renforcer l’équipe et la dimension stratégique de la communication dans leur projet. On a transformé le poste et, étant seul, je me suis d’abord appuyé sur une équipe de prestataire pour m’accompagner dans la mise en œuvre.  Le Monfort théâtre est une petite famille avec une ambition de scène nationale, c’est un projet incroyable grâce auquel, on a pu faire des choses extraordinaires que l’on aurait pas pu imaginer dans un lieu comme celui-ci. Ils ont su réunir une équipe et créer une synergie qui a stimulé toute l’équipe et faire exploser le cadre. Il a fallu refondre les supports de communication et renouveler la billetterie. Il a aussi fallu harmoniser et prendre le temps de trouver le bon prestataire. On avait pas envie de continuer avec des acteurs historiques, on sentait qu’il n’y avait pas une écoute suffisante sur le web. Alors on a ouvert de nouvelles perspectives en allant chercher des acteurs en dehors du spectacle vivant, dans le domaine de la musique et de l’animation et on a rencontré l’équipe de Mapado. Durant toute cette mise en place d’outils de simplification et de gestion, on s’est aperçu aussi qu’il manquait encore des choses sur le plan marketing pour anticiper le faire-venir et la fréquentation. Nous avions un public jeune qui est aussi un public plus volatile, non abonné, sensible aux offres mais moins fidèle. On a alors créé un nouveau poste de relations publiques dédié au marketing et au public individuel afin de mettre en place des offres et de travailler sur le territoire.  En même temps j’ai pris aussi la responsabilité de la communication du Festival  Paris l’été ! en 2017 en consulting. Je n’avais jamais travaillé sur cette dimension d’événement avec une « communication coup de poing » sur un temps court et qui réunit chaque soir quasiment le même nombre de spectateur que le Monfort théâtre en 3 semaines.  Aujourd’hui, c’est la première fois que je vis un changement de direction, c’est hyper stimulant. Nous travaillons sur la refonte…

SOBANOVA DANSE AWARDS # 7 : Finale publique pour les 8 jeunes espoirs sélectionnés 

Par Collectif Overjoyed

Depuis 7 ans déjà, SOBANOVA DANCE AWARDS soutient les espoirs de la nouvelle scène chorégraphique. Fondée par Sophie Amri et Barbara van Huffel – deux passionnées de danse, et portée par des professionnels reconnus – Sobanova s’engage dans l’insertion professionnelle et le plaisir de réunir grand public et public professionnel, à la découverte d’une danse dans tous ses états ! Le concours offre à une sélection de 8 compagnies émergentes, un temps fort de visibilité, une plateforme d’expression. Les jeunes artistes sont invités à partager leur travail sur un grand plateau, devant un large public, et en présence de professionnels (chorégraphes reconnus, programmateurs, directeurs de théâtre/festival).  Les 8 chorégraphes sélectionnés Après avoir reçu près de 140 demandes et examiné 50 dossiers éligibles,  Sophie Amri et Barbara van Huffel, les fondatrices et animatrices de l’association SOBANOVA, ont choisi les 8 chorégraphes qui présenteront leurs propositions artistiques devant le jury présidé par Carolyn Occelli, directrice du Théâtre de Suresnes – Jean Vilar  :  Jérémy Alberge – Cie Lamalo  Alizé Hernandez  Khaled Abdulahi – Cie Wild  Dylan Posseme – Cie Bamboo’s  Chichii & Jamson – Cie Kumo  Amel Khaeies – Cie Les Résilient.e.s  Sofiane Tiet – Cie Hiddo  Antoine Normand – Cie Luskan Le jury du 27 avril Cette année, les huit nouvelles compagnies émergentes en danse contemporaine présenteront leur création devant un jury lors de la finale publique qui aura lieu à la MPAA Saint-Germain. Jury présidé pour la première fois par Carolyn Occelli, Directrice du Théâtre de Suresnes – Jean Vilar.   Elle sera aux côtés de Christine Bastin, chorégraphe et directrice artistique de la Fabrique de la Danse, Abou Lagraa, chorégraphe et co-directeur artistique de la compagnie La Baraka-La Chapelle Annonay, Pierre-François Heuclin, directeur artistique du Festival Vaison Danses et parrain de l’association et Benoît Dissaux, directeur du Théâtre l’Olympia et du Festival Cadences d’Arcachon. Le lauréat du Grand Prix Sobanova bénéficiera d’un accompagnement personnalisé de l’association sur la saison suivante, de programmations rémunérées et de locations de studios. Chaque membre du jury décernera également son prix proposant ainsi un accompagnement sur mesure au talent de son choix. Le collectif Overjoyed accompagne l’association Sobanova dans la mise en œuvre de la campagne de communication et les relations médias du concours depuis 2019. Sobanova en images ★ Réservez votre place et devenez membre du jury

Enjeux et tendances de la communication dans le spectacle vivant 2023

Par Collectif Overjoyed

Après notre première synthèse sur les tendances de la communication dans le spectacle vivant 2021/22, voici les constats et prospectives dans les métiers de la communication (design, communication numérique, social media…) mis à jour en ce premier trimestre 2023. Découvrez les 10 enseignements qu’il nous semble important d’avoir à l’esprit au moment d’engager le travail sur les festivals et la saison à venir. N’hésitez pas à échanger ou partager votre expérience en commentaires. 1. Le contexte : c’est pas folichon 2022 marquait l’embellie post-Covid, les retrouvailles enflammées avec le public, un véritable tourbillon de dates et d’événements, fruit des reprogrammations et vœux pieux du système à se renouveler. En 2023, il semblerait que ce soit la gueule de bois, particulièrement dans le secteur public. Et si les événements professionnels et publics enregistrent des fréquentations records, on y débat de manière simultanée de sujets plutôt pessimistes comme la “possible fin du spectacle vivant en 2023”, la fermeture des lieux et la réduction drastique des créations sur la saison à venir. Les chiffres positifs affichés par La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) en début d’année n’étaient-ils qu’un miroir aux alouettes destiné à rassurer un secteur en berne et des professionnels toujours plus épuisés, dont le métier n’attire désormais plus grand monde malgré la hausse des emplois constatés jusqu’alors ?  Cette dépression en cours affecte aussi la capacité de projection des acteurs du spectacle vivant. Car, comme le souligne une étude partagée par le TMNlab, si 50 % des enquêté·e·s imaginent que le spectacle vivant intégrera plus de technologies numériques en 2050, 17 % d’entre eux·elles indiquent qu’ils·elles ne savent pas à quoi ressemblera le spectacle vivant en 2050. Par ailleurs, 21 % des individus interrogés ignorent quels changements devraient avoir lieu dans le domaine du spectacle vivant actuellement. À SUIVRE : C’est pour cela que dans un contexte aussi morose, le principal enjeu de communication pour cette saison est celui du rassemblement, de la mutualisation. Professionnel·le·s du spectacle vivant et spectateur·rice·s de tous pays : unissons-nous ! Dans un contexte de disette budgétaire, la mutualisation est de bon ton et nous parions sur le fait que vont émerger des campagnes, des partenariats et autres actions collectives, comme le prouve cette première initiative du SYNDEAC de rassembler le plus grand nombre sous une bannière dans laquelle on ne peut que se reconnaître : personne n’a envie d’éteindre la lumière sur le spectacle vivant ! (enfin sauf si tout le monde est sorti de la pièce, bien sûr). Cliquez pour signer la pétition. 2. Cibles : exigence et volatilité  Le(s) public(s) : on ne vit que pour et par lui/eux. Mais qui sont-ils, en 2023, ces publics du spectacle vivant, ceux que l’on recherche et que l’on accueille dedans et dehors désormais ? Les salles semblent s’être remplies pour le mieux avec +2 % de fréquentation par rapport à 2019 (source), un taux donc supérieur à l’avant-pandémie, ce qui corrobore le chiffre de 71 % de Français émettant le souhait d’effectuer une sortie culturelle au cours du premier semestre 2022*. Toutefois, la tendance reste à l’incertitude car l’inflation frappe aujourd’hui aux portes d’un public encore fragilisé. Par ailleurs, cette même étude rappelait que l’offre-même des établissements culturels constitue l’un des freins à la régularité des sorties culturelles. Ainsi, en janvier 2022, près d’1 Français sur 3 estimait que la programmation récente des lieux culturels répondait moins à ses attentes que les années précédentes. Un décalage relevé particulièrement par les jeunes, les personnes les plus diplômées et les familles, des publics de plus en plus difficiles à fidéliser quand la curiosité tend à se perdre pour des valeurs « sûres ». Pour les institutions, la tendance est donc à l’écoute toujours plus fine (bonjour les études de publics), au ciblage, à l’identification et à la création de communautés d’intérêts et de spectateurs, clés d’une relation renouvelée et de dispositifs innovants.  À SUIVRE : le concept de grassroot, tout droit venu des États-Unis, traduit le phénomène communautaire qui associe la base (root/racine) – des personnes ordinaires sur le terrain – et des communautés proches géographiquement menant une sorte d’activisme local. Exemple : du WhatsApp des parents d’élèves jusqu’au blog du petit 20e. * sondage réalisé du 31 août 2021 au 3 septembre 2021 par l’institut Harris Interactive, puis enquête « Conditions de vie et aspirations des Français », réalisée du 21 décembre 2021 au 14 janvier 2022 par le CRÉDOC, interrogeant les Français âgés de 15 ans et plus sur leurs pratiques culturelles récentes. 3. Le Pass Culture au cœur des politiques publiques  Pour les jeunes utilisateur·rice·s du Pass Culture, le premier canal d’acquisition et d’information est Internet, plus particulièrement les réseaux sociaux : 71 % des jeunes interrogé·e·s déclarent avoir entendu parler du spectacle vivant via des publicités sur les réseaux sociaux ou via des publications sur les comptes d’artistes qu’iels suivent (source : “Spectacle vivant et le Pass Culture 2023”, TMNlab). Les jeunes de 15 à 20 ans ont l’impression que les moyens de communication du spectacle vivant sont en inadéquation avec leurs pratiques (source : Enquête Pass Culture : les jeunes et le spectacle vivant, perception et pratiques, février 2023). À SUIVRE : au-delà d’une programmation perçue en décalage avec les attentes (voir point 2), la méconnaissance du spectacle vivant constitue le principal frein à leur pratique. D’où la nécessité d’aller communiquer sur les médias qui les touchent, de créer des événements spécialement destinés aux détenteurs du Pass Culture – avant-premières, visites des coulisses, rencontres avec les artistes… – qui seront beaucoup mieux relayés par la plateforme. Étude TMNlab complète : http://www.tmnlab.com/2023/02/03/enquete-pass-culture-les-jeunes-et-le-spectacle-vivant-perception-et-pratiques 4. Identité : vers l’affirmation de marques culturelles ?  Pour mieux faire (re)connaître sa programmation, ses actions et ses événements, mais aussi se distinguer dans une offre multiple, la marque est un outil puissant, pour peu qu’elle fasse l’objet d’une véritable réflexion. Elle représente l’image du projet, de l’organisation ou du lieu et garantit aux yeux des publics une constance en matière de qualité. Une marque, c’est un ensemble de “signes”, de codes et…

Culture & Communication. Interview #11 : Thibault Prioul, social media manager du Théâtre du Châtelet

Par Collectif Overjoyed

Chaque mois, nous allons à la rencontre des dirigeant·e·s et communicant·e·s du secteur pour partager leurs visions du métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations. Pour ce 11e entretien, nous avons interviewé Thibault Prioul, social media manager au Théâtre du Châtelet à Paris, quelques jours avant l’annonce de la nomination d’Olivier Py.  Thibault Prioul n’avait pas forcément pour ambition de travailler dans la communication, mais plutôt de devenir comédien. Après un DUT SRC (Services et Réseaux de Communication, aujourd’hui DUT MMI Métiers du Multimédia et de l’Internet), il obtient un diplôme en relations presse, relations publiques et événementiel à l’ISCOM. Son attrait pour la comédie l’amène naturellement vers le secteur culturel. Il commence à la Cité de l’architecture et du patrimoine de Paris en tant que chargé de communication en alternance pour répondre à l’enjeu : “Quelles stratégies de communication pour attirer un nouveau public ?”. Déjà, il travaille sur un “programme ambassadeurs” impliquant tou·te·s les professionnel·le·s qui gravitent autour de ce lieu culturel sans vraiment le connaître et qui pourraient en être des prescripteur·rice·s – « un capital relationnel essentiel pour une institution comme celle-ci. » Pendant quatre ans, il assure ensuite en indépendant des missions de conseil en communication, jusqu’à sa collaboration avec Jérôme Pernoo, qui ouvre alors le Centre de musique de chambre de Paris et le recrute au poste de responsable de la communication. Un nouveau projet pour lequel tout est à construire, comme il les affectionne. Il est ensuite rappelé par la Cité de l’architecture et du patrimoine où il occupe pendant plus de deux ans le poste de chargé de communication numérique et relations publiques. C’est en 2019 qu’il prend ses fonctions au sein du Théâtre du Châtelet en tant que chargé de marketing opérationnel. Anne Rubinstein, nouvelle secrétaire générale en 2021, engage un projet artistique différent et repense l’organisation de son service. Sous sa direction, Thibault Prioul prend le poste de social media manager qu’il occupe au moment de cet entretien, au sein d’une équipe sous la responsabilité de Florence Fontaine, aux côtés de Thomas Amouroux, responsable du numérique, Timothée Chaine, responsable du contenu éditorial et Nollaig Dipode, graphiste. Quels sont les 3 mots qui caractérisent la stratégie de communication du Châtelet aujourd’hui ? Le premier mot serait « acquisition », car nous sommes en permanence à la recherche des publics susceptibles de venir voir tel ou tel spectacle. Pendant dix ans, nous avons été le temple de la comédie musicale. Mais nous sommes restés fermés longtemps. Puis, quand nous avons rouvert, la direction est partie un an plus tard. Désormais, notre enjeu est de fidéliser : nous nous renouvelons à chaque fois, car les spectateurs viennent désormais pour un spectacle plus que pour l’institution. Le deuxième mot serait le « ton », la façon dont nous nous adressons à notre public. Lorsque nous avons revu notre charte graphique avec l’agence Base Design, nous avons retravaillé le « tone of voice » – la tonalité de nos éléments rédactionnels – de manière beaucoup moins frontale qu’avant. Le troisième mot serait la « créativité » : que ce soit dans le design ou les opérations mises en place pour chaque spectacle, la créativité est prépondérante dans notre stratégie de communication. Aujourd’hui au sein du service, nous sommes 4 à 5 personnes, ce qui nous laisse davantage de temps pour développer des idées et mettre en œuvre de nouvelles choses. Peux-tu nous donner des exemples d’opérations de communication qui traduisent cette créativité et votre « souplesse » de travail ? 42nd Street a été un très bel exemple de ce que nous sommes capables de mettre en œuvre aujourd’hui. L’enjeu pour nous était de remplir et rentabiliser 44 dates. Nous savions que le public viendrait, mais le résultat de nos efforts conjugués a dépassé nos espérances. Les opérations sur les réseaux sociaux ont été formidables. Nous avons lancé une énorme campagne d’influence classique, fait venir près de 40 influenceur·euse·s ainsi que des créateur·rice·s de contenu. Nous avons notamment un partenariat avec le média culturel L’éloge qui a produit des vidéos des coulisses, de la restauration du décor etc. Mais ce n’est pas sur celui-là que j’ai envie de mettre l’accent, parce que le spectacle lui-même était pour beaucoup dans la réussite. Nous avons dû être particulièrement créatifs pour une autre création, compte tenu du peu d’éléments dont nous disposions et la difficulté à faire venir le public. Le Roman de Fauvel était une création mondiale de Peter Sellars sur de la musique médiévale, avec une mise en scène contemporaine. Pour aller chercher le public, nous avons dû développer des stratégies. En premier lieu, nous avons noué un partenariat avec la BNF où le manuscrit original est conservé. J’ai aussi travaillé avec des créateur·rice·s de contenu pour toucher des publics que nous ne connaissions pas, celui de l’histoire de l’art notamment. Nous avons donc collaboré avec Camille Jouneaux de la Minute Culture (compte Instagram dédié à l’histoire de l’art), la nano influenceuse Clémence Chabrand des petites fiches opéra ou encore Antoine Vitek de Culturez-vous, à l’audience beaucoup plus large, qui a « vulgarisé » le Roman de Fauvel. Nous avons essayé d’inventer tout ce qui était possible, mais même en ayant activé « un million de leviers », à mon sens intéressants et très ciblés, nous n’avons pas vraiment réussi à déplacer les foules. Travailler sur de la création, c’est complexe, c’est pourquoi j’aime bien prendre cet exemple-là, un sujet ambitieux pour lequel nous sommes fiers d’avoir actionné autant de leviers, qui me semble aussi intéressant et riche d’enseignements qu’un succès. Comment sont répartis tes moyens budgétaires, y’a-t-il une différence par rapport aux autres lieux dans lesquels tu as travaillé ? Lorsque je suis arrivé au Châtelet, j’ai vraiment voulu insister sur le fait que l’influence marketing a autant d’importance que l’affichage. Et c’est ce que nous essayons de mettre en place. Un théâtre comme le nôtre ne peut pas ne pas utiliser ces nouveaux médias. Dans les années à venir, je ne dis pas que ce soit impossible qu’on privilégie l’un sur l’autre, tout dépendra aussi de la nouvelle direction. Toute la partie relations presse…

Culture & Communication. Interview #10 : Karine Atencia, directrice de la Communication et des Relations institutionnelles du groupement LES THÉÂTRES et du Festival de Pâques.

Par Marie-Pierre Bourdier

Chaque mois, nous allons à la rencontre des dirigeant·e·s et communicant·e·s du secteur pour partager leur vision du métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations.  Pour ce 10e entretien, nous avons interviewé Karine Atencia, directrice de la Communication & des Relations Institutionnelles de Dominique Bluzet pour “LES THÉÂTRES” et le Festival de Pâques, à Aix-en-Provence et Marseille. Après un parcours scientifique, Karine Atencia entre en Hypokhâgne-Khâgne, avant de commencer sa carrière en agences de communication. Elle s’occupe d’événementiel et création numérique, tout en complétant sa formation en communication à Paris 8. Intéressée par les questions de territoire, elle pilote des projets pour le Conseil général de Seine-Saint-Denis. Elle occupe ensuite le poste de directrice conseil dans différentes agences, dont Ideacom, Tihuakan et Polynôme, où elle travaille pour des secteurs variés, du luxe à la finance. Après 15 années, elle décide de s’orienter vers l’annonceur pour “retrouver un sens et un intérêt dans les contenus”. Passionnée d’art et de culture, elle quitte le monde des agences pour rejoindre, à la demande de Marie-France Carron (secrétaire générale) et Nicole Gautier (directrice), le Théâtre de la Cité internationale, dont elle crée le site internet. Ce projet, en collaboration avec la plateforme Artichoc lui permer d’expérimenter les logiques de mutualisation d’outils au profit des acteurs culturels.  Au même moment, le Centre national de la danse (CND) se constitue en établissement public et s’installe à Pantin. Michel Sala, son directeur, choisit Karine Atencia comme directrice de la Communication qui, pendant 8 ans, met son expérience au service de ce lieu et la danse contemporaine. Après un changement de direction, elle repart un temps en collectivité à Tremblay-en-France, au cabinet du Maire. Une expérience aussi riche qu’intense, avec une équipe de 23 personnes, une imprimerie municipale et un travail passionnant en lien avec le Théâtre Louis-Aragon, notamment. Elle effectue ensuite un premier remplacement de congé parental au CENTQUATRE-PARIS pendant 9 mois, avant de rencontrer Philippe Quesne, qui l’engage dans l’aventure de Nanterre-Amandiers. Peu de temps après, Naïa Sore – aujourd’hui Directrice de la communication, du développement et des publics chez Fondation Cartier pour l’art contemporain – quitte le CENTQUATRE-PARIS et Karine Atencia est recrutée par José-Manuel Gonçalves. Elle y restera 5 ans. En 2021, un cabinet de « chasseurs de talents » lui propose de venir prendre la direction de la Communication et des Relations institutionnelles du groupement LES THÉÂTRES et du Festival de Pâques, dirigés par Dominique Bluzet. Une nouvelle aventure de territoire et de culture commence. C’est un an après son arrivée qu’elle prend le temps de cet échange ensoleillé et optimiste, avec une rentrée marquée par le retour des publics, à l’occasion de nouveaux événements fédérateurs. Comment s’organise la communication de ce groupement un peu particulier ? LES THÉÂTRES, second pôle de spectacle le plus important de France, rassemble 4 lieux, 4 structures différentes (les Théâtres du Gymnase et des Bernardines à Marseille, le Théâtre du Jeu de Paume et le Grand Théâtre de Provence à Aix) et 90 personnes dirigées par Dominique Bluzet. Le groupement assure les ressources humaines, la communication et le mécénat. Les autres lieux sont structurés comme dans un théâtre habituel. L’organisation de la communication repose sur deux structures parallèles, à Aix et à Marseille, avec de part et d’autre une équipe en miroir. Chaque équipe est composée de : un·e responsable communication, une attachée de presse, un·e responsable numérique et une chargée de diffusion sur le territoire. Ma mission relève un peu du “grand écart” : je suis en charge d’une équipe transversale de 10 personnes, qui crée et produit des supports communs, avec une identité graphique globale à l’ensemble. Dans ce même temps, je dois m’assurer que chacun travaille de manière pointue et différenciée, car les territoires, les publics et les projets sont différents : nous programmons plus de théâtre à Marseille, et plus de musique et de danse à Aix-en-Provence. Il existe aussi des différences de comportements, de capacité à sortir et de pouvoir d’achat entre les deux villes. Le Festival de Pâques, quant à lui, est une entité à part, avec une structure économique dissociée, et une mobilisation de l’équipe du Grand Théâtre de Provence. Pour la communication, je travaille avec l’équipe de communication aixoise, renforcée de prestataires externes, car c’est un énorme événement : 17 jours de festival, 32 concerts classiques, avec un rayonnement international. Sur l’ensemble de ma mission, j’ai la chance d’être efficacement épaulée par une adjointe à la communication, Carine Colombo, car je dois être très mobile tout en travaillant pour tous avec le même investissement. Depuis peu, nous nous sommes également attaché les services de l’agence Myra en renfort : au-delà de nos activités de diffusion, nous sommes aussi producteurs. Nous organisons des tournées sur lesquelles nous avons besoin d’un accompagnement presse spécifique. Et puis, bien entendu, nous nous appuyons sur des studios graphiques – les agences Rébellion et John & James – et d’autres prestataires plus ponctuels, comme l’agence Kiblos, qui a réalisé un audit de notre écosystème digital. Quels sont les 3 éléments qui caractérisent la communication “DES THÉÂTRES” ? La Joie : elle est essentielle et c’est un mot clé qui revient très souvent dans le discours de Dominique Bluzet. Il y a aussi l’idée de Partage, car le projet est très ouvert. Enfin, je dirais l’Éclectisme des formes, des esthétiques, des disciplines, avec de grandes différences de regards. Qu’est-ce qui guide votre communication ? En quoi est-elle singulière ?  Nous lançons la saison très tôt ici – le 15 mai, là où d’autres partenaires sur le territoire se lancent en juillet, voire à la rentrée. Par conséquent, cela nous amène à avoir un véritable temps fort avant l’été, et à nous poser la question de la relance de la rentrée. Cette année, nous avons fait un très bon démarrage, car la programmation a justement été pensée comme un temps fort de rentrée. À Aix, avec la Compagnie Carabosse et le Théâtre du Centaure en extérieur, nous avons rassemblé plus de 30 000 personnes sur le cours Mirabeau, entre le Grand…

Culture & Communication. Interview #9 : Virginie de Crozé, directrice de la communication et des relations avec les publics du Festival d’Avignon 

Par Marie-Pierre Bourdier

Chaque mois, nous allons à la rencontre des dirigeant·e·s et communicant·e·s du secteur pour partager leurs visions du métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations. À quelques semaines de l’ouverture du Festival d’Avignon, pour le 9e entretien, nous avons interviewé Virginie de Crozé, directrice de la communication et des relations avec les publics du Festival d’Avignon depuis 2014. Un entretien riche d’expertise du spectacle vivant et d’expériences humaines, qui aurait pu durer toute la matinée…  Virginie de Crozé est issue d’un double parcours qu’elle qualifie « d’assez généraliste », en sciences humaines et en sciences politiques. Diplômée de l’IEP d’Aix-en-Provence, elle est également passionnée de danse, qu’elle a intensément pratiquée. Danse contemporaine, claquettes, classique, tango argentin, ces disciplines lui apportent une certaine maîtrise de la lecture du corps en mouvement et de l’histoire de la danse. «  La pratique permet d’aborder les choses différemment et d’appréhender les artistes de manière plus sensible : cette fragilité, nous la comprenons, nous l’entendons, c’est important pour percevoir les inquiétudes et les accompagner au mieux au plateau. » Comment avez-vous commencé votre vie professionnelle dans la culture ? Je n’avais aucune conscience des métiers qu’il était possible exercer dans la culture car à l’époque, il n’y avait pas encore de diplômes spécialisés dans le secteur ou je ne le savais pas. Je suis partie en Argentine pour comprendre le tango argentin, vivre avec ceux qui pratiquent cette danse sociale. Pour être immergée dans la société, danser la nuit, il fallait que je travaille le jour. J’ai donc frappé à la porte de l’Ambassade de France, au Service Culturel, et suis devenue assistante de l’attachée culturelle.  Puis, pour accompagner le travail d’un écrivain, on m’a proposé de suivre de manière posthume les traces de Louis Jouvet en Amérique Latine lors de sa tournée internationale après avoir refusé la Comédie-Française, une expérience qui m’a permis de me rapprocher de ce “personnage” du théâtre français.  Je suis ensuite devenue attachée de presse pour le festival de cinéma franco-espagnol de Buenos-Aires, avant de rentrer en France où j’ai rejoint l’équipe des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis en tant que responsable des relations avec le public. J’ai développé de nombreux projets de terrain avec les habitants du territoire.  C’est ainsi que j’ai intégré le Théâtre national de l’Odéon à la Direction des relations avec le public en 2011, en réponse à une annonce dans Télérama. J’y ai rencontré Olivier Py et Paul Rondin avec qui je partage un ADN commun, fait d’amour pour les publics et la relation à l’autre à travers les programmations mais aussi d’un engagement pour les projets.  Je retiens de ce parcours qu’il est essentiel de tenter sa chance et d’initier le mouvement lorsqu’on est jeune. Même aujourd’hui, quand nous lançons une procédure de recrutement classique, nous avons beaucoup de demandes mais restons ouverts aussi à ceux qui nous sollicitent à d’autres moments, avec un projet et une envie. Qu’est-ce qui est particulier dans la communication du spectacle vivant aujourd’hui ? Ce qui a profondément changé, c’est le rapport aux images, le numérique, l’audiovisuel. Ce sont les interactions quotidiennes avec le public via les réseaux sociaux. Aujourd’hui, nous alimentons en contenu 4 réseaux sociaux,  le message privé a remplacé le standard téléphonique. Pour autant, nous avons une relation de très forte proximité avec les habitants, avec des remontées régulières. Nous savons très bien comment ils nous perçoivent, s’ils nous aiment ou nous critiquent, et pas seulement à travers les études de publics. C’est une chose très précieuse pour nos métiers.  Je crois aussi que c’est la fin de certains silos. Il est désormais possible de penser en “écosystème” beaucoup plus large, pour tramer les actions. Pour promouvoir un projet, affirmer une identité ou encore une marque, il faut bien entendu l’asseoir via une charte et des outils, mais il faut avant tout le traduire – dans ce sens qu’il est nécessaire de passer d’une langue à une autre. Et donc comprendre la langue de l’autre pour qu’il nous entende et que nous fassions connaissance.  A titre d’exemple, je pense aussi les projets de relation avec le public sous un angle communicationnel ou presse. Rien n’est séparé dans le sens où il nous faut faire connaître un projet à tous les publics. Je peux citer la Web TV que nous avons développée avec les Ceméa et des JRI , un projet d’immersion dans le festival mais aussi d’éducation aux médias. Les jeunes apprennent à réaliser des sujets en rapport avec le spectacle vivant. Ils découvrent et produisent ; cela nourrit une logique de communication participative. En avril ils couvrent la préparation du Festival selon une logique de découverte des métiers et de perception de cette activité qui est aussi une économie et en juillet, ils sont sur l’artistique. À la fin, certains en font leur métier.   Autre exemple : nous éditons chaque année le guide des jeunes spectateurs, un support qui explore chaque thématique de notre programmation. Il est réalisé par des jeunes du territoire pour les jeunes festivaliers. Gratuit, il rassemble des textes, des visites, des contes, des jeux pour découvrir le Festival. Toutes les familles viennent le récupérer. Il est travaillé pendant trois mois en mode projet avec le public avant de devenir un outil de communication. Ce sont ces articulations-là qui nous permettent de dire que le public est contributeur d’une parole et d’un regard sur le Festival. Cela est d’autant plus important que, dans une logique sociale et communautaire, les publics sont plus à l’écoute de leurs pairs. 3 mots qui définissent votre communication ?  Traduction, parce que notre travail est aussi de passer d’une langue, celle de l’artiste, à une autre, celle des publics.  Transversalité des arts, des métiers et des publics : c’est ce qui contribue à créer un écosystème interdépendant.  Un autre mot très lié au Festival : historique, au sens d’une forme de loyauté par rapport à cette histoire, à une culture générale : le Festival d’Avignon n’est pas hors-sol. Il est important de mettre les choses en perspective, de repenser la décentralisation.  C’est pourquoi, lorsque…

Culture & Communication. Interview #8 : Nathalie Becquet, directrice de la communication de Montpellier Danse

Par Marie-Pierre Bourdier

Chaque mois, nous allons à la rencontre des communicant·e·s du secteur pour partager leurs visions du métier, leurs bonnes pratiques et leurs motivations. 8e entretien, avec Nathalie Becquet, directrice de la Communication de Montpellier Danse.  Nathalie me reçoit dans un cadre exceptionnel, le cloître de l’Agora, un lieu habité par l’équipe de Montpellier Danse dirigée depuis quarante ans par Jean-Paul Montanari, mais aussi par le Centre Chorégraphique National. Elle a lancé l’édition 2022 du festival il y a moins de quinze jours et les studios sont déjà pris par les équipes des chorégraphes. Notre entretien est ponctué du passage des danseurs d’Emanuel Gat qui sortent prendre l’air entre deux répétitions et rythmé par la musique qui s’échappe du studio dans lequel travaillent Robyn Orlin et Nadia Beugré. Nathalie l’affirme : elle “dansait avant de marcher” et c’est tout autant en amatrice qu’en spectatrice qu’elle a développé une véritable passion pour cet art. Après son bac, elle choisit donc une filière culturelle. Originaire des Hauts-de-France, elle entre à l’IUP, ancien master Ingénierie culturelle, et réalise un stage au Vivat à Armentières. Entre la production et les relations publiques, elle s’adapte et sa tutrice l’imagine tout à fait à sa place à Montpellier Danse. C’est ainsi qu’elle postule et débarque à Montpellier en 2001. Elle commence par s’occuper des déplacements de Jean-Paul Montanari et de l’accueil des compagnies. Au fil des mois, un poste se libère, puis sa polyvalence façon “couteau suisse”, l’amène à la communication en tant qu’assistante. Elle en devient la responsable en 2011. Formée sur le terrain et attachée à ce bel endroit, elle considère aujourd’hui son parcours comme assez atypique, alors que ses homologues ont souvent la “bougeotte”. Qu’est-ce qui fait que l’on reste 20 ans à Montpellier Danse ? Jean-Paul Montanari et Montpellier bien sûr. Jean-Paul a formé mon regard de spectatrice, mais c’est aussi un artiste et un directeur qui s’occupe réellement de communication : il s’y implique, et nous sommes vraiment en discussion sur tous les projets. Travailler à ses côtés est une excellente formation. Comment sont organisés les rôles et les missions communication ? Une petite équipe de 12 personnes s’occupe à l’année du festival, de la saison danse de septembre à décembre et de janvier à mai, et de l’Agora avec ses ateliers et résidences d’artistes.  À la « communication » nous ne sommes que 3 :  Maïwenn Rebours responsable des relations médias, Antoine Magdziarz qui m’assiste et s’implique sur le numérique et les réseaux sociaux et moi. L’activité étant très riche, nos missions sont vraiment à 360, autant du point de vue des supports travaillés que des publics touchés. Nous travaillons aussi avec deux graphistes : Agnès Gjini / Mine de rien pour la saison et Les Produits de l’Épicerie pour le programme du festival. Ils créent le visuel sur la base de la programmation et des discussions avec l’équipe. Ils proposent une charte et un visuel qui changent chaque année car chaque festival est unique. L’engouement du public pour cette 42e édition du festival nous donne confiance en l’avenir. Quelle est votre mission en particulier ? L’information en direction du public. On a une vision très claire de notre public, de sa composition et un lien très particulier avec lui. On lui parle tout le temps et de manière très ciblée.  Montpellier Danse a été créé dans les années 80 avec l’objectif d’être un festival avec un rayonnement international, mais à destination du public local. Cela reste notre priorité. C’est son festival. D’ailleurs, les files d’attente dès l’ouverture de la programmation et des ventes nous prouvent que ça fonctionne et ce n’est pas si courant. La fidélité du public et son attachement à Montpellier Danse sont impressionnants. Ce lien, on le garde et l’entretient principalement grâce au numérique (newsletters, entre autres…) depuis la crise sanitaire de 2020, malgré des annulations, des reprogrammations, d’autres annulations… On a tenu ! Ce côté combatif et cette proximité avec le public nous ont permis de rester debout, ensemble avec le public. Quels sont vos temps forts de communication ?  Juste avant le lancement du festival, en février-mars, puis pendant l’événement, en juin-juillet. Mais aussi à la rentrée, pour lancer la saison d’un point de vue plus local, dire que l’on est de retour et qu’on est là toute l’année. Les 98% de remplissage ont été atteints sur la Saison 21.22 que nous venons de finir. L’engouement du public pour cette 42e édition du festival nous donne confiance en l’avenir. Comment travaillez-vous avec les artistes dans votre communication ? Tout part de la programmation imaginée par Jean-Paul Montanari. La particularité d’un festival tel que Montpellier Danse est que c’est un festival de créations. 80% des œuvres n’existeront qu’au moment du festival. La communication sur une édition se construit 7-8 mois en amont alors que plusieurs artistes ne sont même pas encore rentrés en studio pour travailler avec les danseurs… Du point de vue de la communication, c’est complexe car il faut créer la matière. Faire écrire des textes, trouver des visuels, des extraits vidéos… Alors on a passé du temps à interroger les artistes et leurs équipes. Quand on reçoit un artiste en résidence à l’Agora, on lui propose toujours de nous parler de son projet face à une caméra. Un jeu de questions-réponses très simple, mais tellement important pour construire la compréhension autour de l’œuvre qui est en train de naître. Il faut aller chercher toutes les informations possibles pour donner envie aux spectateurs de découvrir l’univers d’un artiste qu’ils ne connaissent pas et de prendre le risque de se rendre au théâtre sans vraiment savoir ce qu’ils vont voir. On est très à l’écoute des artistes. La mise à jour de notre site internet est constante pour ce qui concerne les distributions, les modifications dans les textes, les photos… et le programme de salle, premier document à paraître sur l’œuvre finie, est fait en étroite collaboration avec l’artiste et ses équipes. Deux mots pour qualifier votre communication ? Accessible : le spectateur ne doit pas avoir à chercher l’information, aussi la typo est-elle très…